Pourquoi on aime "Bienvenue à Marwen", le nouveau film de Robert Zemeckis

Publié le 2 janvier 2019 à 7h15

Source : Sujet TF1 Info

NOTRE AVIS - En salles ce mercredi, "Bienvenue à Marwen" raconte comment un homme qui a failli perdre la vie à cause de sa différence surmonte ses traumatismes en créant un étonnant village de poupées. Une histoire vraie portée à l’écran avec humour et sensibilité par Robert Zemeckis, le réalisateur de "Retour vers le futur".

Ne cherchez pas Marwen sur une carte de la Belgique. Le terrain de jeu du nouveau film de Robert Zemeckis sort tout droit de l’imagination de Mark Hogancamp, un Américain victime en 2008 d’une agression qui lui a fait perdre la mémoire de sa vie d’avant. Pour se reconstruire, il s’est refugié dans la réalisation d’un village de la Seconde Guerre mondiale miniature où Hog, une poupée soldat à son effigie, repousse les assauts des Nazis avec une bande d’Amazones armées jusqu’aux dents. De son jardin de banlieue aux murs des galeries branchées, ses incroyables mises en scène avaient fait l’objet en 2010 d’un documentaire à succès qui a captivé le réalisateur de "Retour vers le futur", "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?" et autre "Forrest Gump". 

En découvrant "Bienvenue à Marwen", mélange de prises de vue réelles et de séquences d’animation sophistiquées, en salles en France ce mercredi, on comprend aisément pourquoi il a choisi d'en tirer une oeuvre de fiction. Toute sa carrière, l’un des pères fondateurs du blockbuster eighties n’a fait que raconter des histoires à hauteur d’homme en usant de la magie d’effets spéciaux. Ici c’est la technique de la motion capture qui permet, dès les premières secondes, d’embarquer le spectateur dans le monde imaginaire de son personnage principal, interprété des deux côtés du miroir numérique par Steve Carell.

Un film hybride au charme bien réel

Après un spectaculaire crash aérien auquel il a miraculeusement réchappé, le valeureux Hog troque ses bottes de soldats trouées pour... une seyante paire de talons hauts, trouvée sur le bord d’une route. De quoi provoquer les railleries des soldats allemands qui le prennent en joug lors d'une embuscade. Avant que ses équipières de choc, aussi glamour que redoutables, viennent le tirer de ce très mauvais pas.

Ce tableau surréaliste contient toutes les clés du traumatisme qui paralyse Mark Hogancamp dans la vraie vie. S’il a été tabassé à la sortie d’un bar, c’est pour avoir avoué à une bande de crapules homophobes qu’il prenait plaisir à s’habiller en femme. S’il a commencé à se relever, c’est grâce au soutien sans faille d’une blessée de guerre, d’une infirmière à poigne ou encore d’une vendeuse jouets qui lui procure les protagonistes de ses étonnantes photographies. De là à avoir le courage d’affronter ses agresseurs au tribunal… Jusqu’au jour où débarque Nicol, une nouvelle voisine qui va l’obliger à sortir de sa coquille.

S’il a déjà eu recours à la motion capture dans des superproductions comme "Le Pôle Express" et "La Légende de Bewulf", Robert Zemeckis est le premier à la mettre au service d’un œuvre aussi intimiste. En résulte un film hybride au charme étrange mais bien réel. Parce qu’il prend le temps de scruter les blessures de son antihéros, sans jamais perdre le rythme du bon cinéma populaire. Parce qu’il bénéficie aussi de la performance impeccable de Steve Carell qui prouve, si besoin était, que les plus grands acteurs sont aussi à l’aise dans le drame que la comédie. Quand on vous demande de faire les deux dans le même film, c'est encore mieux !

Sous le vernis du divertissement grand public, "Bienvenue à Marwen" est aussi un long-métrage qui aborde des sujets graves, à l’heure où Hollywood se pare d’une nouvelle conscience des enjeux sociétaux de notre époque. Robert Zemeckis avait déjà réussi ce pari en 2012 avec le sous-estimé "Flight", qui mêlait film catastrophe, thriller judiciaire et chronique cruelle de la toxicomanie. Ici, il raconte comment un homme brisé à cause de sa différence se réalise et s’assume, sans doute enfin, grâce au pouvoir magique de la création artistique. Inspirant, non ?

>> "Bienvenue à Marwen", de Robert Zemeckis. Avec Steve Carell, Leslie Mann, Janelle Monae, Diane Kruger. En salles


Jérôme VERMELIN

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