"Un homme pressé" : qui est le grand patron qui a inspiré le personnage incarné par Fabrice Luchini ?

Publié le 13 mars 2019 à 11h51

Source : Sujet TF1 Info

ZOOM – Dans "Un homme pressé", le film d’Hervé Mimran disponible en DVD, Fabrice Luchini incarne un grand patron dont la vie bascule lorsqu’il est victime d’un AVC. Un personnage dont le parcours s’inspire librement de celui de Christian Streiff, l’ancien PDG d’Airbus et PSA Peugeot Citroën.

C’est une figure de l’industrie française. Entré chez Saint-Gobain en 1979 à l’âge de 25 ans, Christian Streiff en a gravi les échelons avant de diriger Airbus puis PSA Peugeot Citroën, qu’il rejoint en 2007. L’année suivante, il est victime d’un accident vasculaire cérébral qui va bouleverser son existence. Et l’obliger à retrouver le sens des priorités, lui qui a toujours vécu à 100 à l’heure. Son combat contre la maladie, ce grand patron l’a raconté en 2014 dans un livre, "J'étais un homme pressé" (Editions Cherche-Midi), un témoignage qui a inspiré "Un homme pressé", le film d’Hervé Mimran interprété par Fabrice Luchini.

 

Dans les bonus du DVD, disponible depuis le 13 mars, les deux hommes échangent longuement au sujet de cette fiction qui n’en est pas tout à fait une. "J’ai retrouvé une cinquantaine de petits détails que j’ai donné à Hervé Mimran", raconte Christian Streiff à Fabrice Luchini. "Après il a construit son film autour d’un homme, Alain, que tu interprètes merveilleusement, mais qui est très différent", précise-t-il au comédien. "Pour que ce soit comique et pour qu’il y ait un renversement, il fallait qu’on l’attaque de façon violente, caricaturale", admet Fabrice Luchini. "Tel que l’inconscient populaire voit le patron du CAC 40."

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Pour un patron, le langage c’est à peu près tout. Tu passes ton temps à parler aux gens. A deux, à quatre, à dix, à 100. Dans les médias. Perdre la parole, c’est réellement tout perdre
Christian Streiff

 Ce qui est en revanche très similaire, de la réalité à l’écran, c’est la façon dont la maladie a soudain isolé cet homme habitué à l'exercice du pouvoir et la position sociale qu'il procure. "Tu as l’univers qui te regarde. Tu es le centre du monde… et puis tu te retrouves tout seul", observe Christian Streiff, sans excès d’amertume. "Tout le monde ne m’a pas lâché, non. Disons qu’il y a ceux pour qui je n’existais plus. Ceux qui ont pris leurs distances par angoisse. Et puis il y a ceux qui sont restés et ils ne sont pas très nombreux."

 

Dans le film, Alain sort du coma avec un problème d’élocution qui engendre de savoureux quiproquos, prétextes à un formidable numéro d’acteur. La réalité était un peu différente. "J’arrivais à m’exprimer à peu près. Je trouvais des mots", se rappelle Christian Streiff. "Mais tout ça était très affadi, très différent de la manière dont je m’exprimais avant. Or pour un patron, le langage c’est à peu près tout", insiste l’intéressé. "Tu passes ton temps à parler aux gens. A deux, à quatre, à dix, à 100. Dans les médias. Perdre la parole, c’est réellement tout perdre."

Si Christian Streiff donne brièvement la réplique à Fabrice Luchini dans une séquence à Pôle Emploi, pas question pour lui d’embrasser la même carrière que son illustre alter ego. Après avoir quitté PSA, il a repris ses activités de haut dirigeant. Avec un rythme différent. Et un sens accru des priorités. S’il siège aujourd’hui au conseil d’administration du Crédit Agricole, il a investi dans plusieurs start-ups innovantes et travaille sur un nouveau projet de livre, inspiré du manuel scolaire "Le Tour de France par deux enfants", afin de mettre en valeur le patrimoine industriel de l'Hexagone.

>> "Un homme pressé", de Hervé Mimran. Avec Fabrice Luchini et Leïla Bekhti. Disponible en DVD chez Gaumont Vidéo


Jérôme VERMELIN

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