Claude Onesta : "J'aime bien me comparer à un chef d'orchestre"

Publié le 25 septembre 2014 à 6h49
Claude Onesta : "J'aime bien me comparer à un chef d'orchestre"

HANDBALL - Il est le sélectionneur le plus titré du sport français, double champion olympique, double champion du monde et triple champion d'Europe. ''Mais j'ai horreur qu'on me présente comme ça, on dirait un général soviétique!'' Claude Onesta, 57 ans, ne court plus après les lauriers mais après une aventure humaine que le sélectionneur, qui reprendra ses activités dans un mois, raconte dans son livre, Le règne des affranchis, qui sort jeudi.

Pourquoi revenir maintenant sur votre histoire?
Cela fait deux ans que je réfléchis à pourquoi on veut gagner encore. Pour une médaille de plus? Non, ce n'est pas ça qui me fait vibrer. Chercher simplement à marquer un but de plus que l'autre, c'est tellement con que je ne peux pas vouer ma vie à ça. L'important, c'est ce qu'on réalise ensemble. C'est de savoir comment, avec quinze joueurs, on peut écrire une histoire de vie qui, en plus de nous faire gagner, va nous épanouir.

Auriez-vous réussi cela sans des joueurs exceptionnels?
Mais les hommes ne sont jamais les mêmes depuis mon arrivée en 2001, alors ce ne sont pas eux qui sont déterminants. Par contre, ils ont compris ce que pouvait apporter ce mode de fonctionnement où chacun porte le projet. Quand ça merde, chacun doit en prendre son morceau car on s'y est mis ensemble. C'est un message de vie pour les mondes de l'entreprise ou de la politique : on a du potentiel et plutôt que de pleurnicher, on va l'exprimer pour en faire une force presque implacable.

Quel est votre rôle, aujourd'hui, dans cette équipe?
J'aime bien me comparer à un chef d'orchestre, pour sa recherche d'harmonie. Chacun de mes interlocuteurs est un expert dans son domaine, comme peut l'être un violoniste. Mais l'oeuvre qu'ils vont produire ensemble n'est pas forcément harmonieuse. A moi de la rendre belle.

"Oui, j'ai peur que ça se termine mal"

Un orchestre où aucune tête ne doit dépasser...
Il y a des mecs, si j'avais leur âge, que je pourrais prendre pour de sales cons parce qu'ils ne sont pas fiables. Mais le métier de mes joueurs, c'est de s'entendre encore mieux avec le sale con qu'avec le gentil qui peut-être, le moment venu, fera perdre l'équipe.

A la place de Didier Deschamps, sélectionneriez-vous Samir Nasri?
Dans son club, il est aimé. Donc ce qui lui arrive avec l'équipe de France n'est pas une fatalité. Si on peut donner à Nasri la place qu'il espère, il va peut-être pleinement satisfaire aux besoins du groupe, même au-delà du terrain, car il a besoin d'un rôle fort. Si on l'appelle pour être remplaçant, cela semble inadapté à sa situation.

Avez-vous peur que cette épopée se termine?
Oui, surtout peur que ça se termine mal. Pas pour moi, mais pour l'oeuvre. Je redoute qu'un éventuel échec génère des conflits, des combats, qui transforment cette vitrine en chantier pourri. Aujourd'hui, je pourrais partir en pleine gloire, mais je n'ai qu'une envie : passer le relais dans les meilleures conditions.


Claude Onesta, Le règne des affranchis, éd. Michel Lafon, 19,95€
Claude Onesta, Le règne des affranchis, éd. Michel Lafon, 19,95€

La rédaction de TF1info

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