Franco-danois, entre Zidane et Busquets... 4 choses à savoir sur Pierre-Émile Højbjerg

par Tristan HENRY
Publié le 7 juillet 2021 à 11h36
Pierre-Emile Højbjerg, le milieu franco-danois du Danemark.
Pierre-Emile Højbjerg, le milieu franco-danois du Danemark. - Source : AFP

PORTRAIT - Le Danemark est à Wembley pour défier l'Angleterre ce mercredi en demi-finale de l'Euro (21h). L'occasion de mettre le projecteur sur Pierre-Émile Højbjerg, l'infatigable milieu de terrain de la "Danish Dynamite".

L'élimination prématurée des Bleus laisse les supporters français orphelins de joueurs à supporter. Heureusement, on trouve dans le dernier carré des joueurs aux racines tricolores prêts à emporter les cœurs à prendre.

Si l'histoire d'Aymeric Laporte est bien documentée, le lien entre le milieu de terrain Pierre-Émile Højbjerg (25 ans) et la France est moins connue. Né d'un père danois et d'une mère française, Højbjerg est un tout petit peu français. Mais c'est surtout un redoutable footballeur. 

1 - Franco-danois, mais Danois d'abord

Son prénom vend un peu la mèche. Pierre-Émile a la nationalité française par sa mère. Mais, à l'inverse d'un Aymeric Laporte, il est avant tout Danois. Son choix de sélection n'a jamais trop posé de questions. Le milieu de terrain est né à Copenhague. Il y a grandi et effectué toutes ses classes de footballeur là-bas. "Je veux toujours être plus Danois que Français" avait expliqué le francophone au média local DR en 2015. Ce qui n'a pas empêché les Français de tenter leur chance. En 2013, Willy Sagnol, légende du Bayern Munich, où il évoluait, et sélectionneur des Espoirs, avait fait le voyage pour essayer de le convaincre. Peine perdue.

"J'ai représenté le Danemark en club et en équipes de jeunes. Ce sont les entraîneurs danois qui se sont battus pour me faire accéder au top, ce serait leur manquer de respect que de changer d'équipe nationale" avait-il expliqué, avant même sa première sélection, au quotidien scandinave BT. Il ne renie toutefois pas sa double-nationalité "Je suis fier de mon sang français et je me qualifierai toujours de moitié français" avait-il précisé.

2 - Un produit Guardiola / Mourinho

Cet emballement autour du joueur s'explique par son statut de prodige du football européen. Jeune, Højbjerg était vu au Danemark et en Europe comme une future star. Qu'importe qu'il soit milieu défensif, il devait devenir le "Zidane du Danemark". Il faut dire que le joueur a débuté dès ses 17 ans avec le Bayern Munich en Bundesliga, à 18 ans il rejoignait la sélection scandinave et épatait par sa maturité. Il a très vite tapé dans l'œil de l'entraîneur du club bavarois, Pep Guardiola. Pour lui, le Danois pouvait devenir le "Busquets du Bayern". Quand on connaît l'amour du Catalan pour Busquets, le compliment n'était pas neutre.

Pourtant, ce départ rapide a été suivi d'une période de doute. Peinant à s'imposer au Bayern, Højbjerg s'exile à Southampton. Il y engrange de l'expérience au cours de quatre saisons bien remplies, et sa cote monte de nouveau. En 2020, il est transféré à Tottenham où il retrouve le nemesis de Guardiola, José Mourinho. Sous les ordres du Mister, le Danois réalise une saison pleine. Avec 93 tacles, il est le troisième joueur le plus prolifique de Premier League. Au licenciement du manager, le joueur s'est fendu d'un remerciement sur les réseaux sociaux : "Merci Mister, c'était un grand honneur, je te souhaite le meilleur".

Cette double filiation se retrouve dans le jeu du milieu de terrain. Infatigable à la récupération (plus de 50 kilomètres parcourus), le Scandinave est féroce dans les duels. Avec 291 passes réussies depuis le début de la compétition, c'est également le premier relanceur de son équipe. Un chiffre d'autant plus impressionnant qu'il sait aussi être décisif. Ses trois passes décisives en font le deuxième meilleur passeur de l'Euro.

3 - Au nom du père, puis du copain

En jouant pour le Danemark, Højbjerg a choisi le pays de son père. Un choix d'autant plus symbolique que celui-ci est décédé d'un cancer de l'estomac en 2014. Le joueur n'avait que 18 ans et vivait à Munich quand il a appris la maladie. S'en est suivi un échange puissant avec son entraîneur Pep Guardiola, les deux fondant en larmes. Les médecins danois ne voulaient pas prendre en charge le paternel, dont le cas était désespéré. Le club munichois a donc payé sa venue régulière en Allemagne pour la chimio-thérapie, sans succès.

Dans cet Euro, il a failli connaître un nouveau drame lorsque son coéquipier Eriksen s'est effondré face à la Finlande, un évènement qu'il a raconté en conférence de presse. "Je me suis retourné et j'ai vu Christian étendu. Je pouvais voir le blanc de ses yeux (...) C'était horrible" a-t-il raconté. Comme ses coéquipiers, il a été chamboulé par l'accident, manquant le penalty égalisateur lorsque le match a repris. Avant d'être remotivé par les messages d'encouragements par leur partenaire une fois remis. "Cela donne le sentiment que c'est OK d'avancer. Nous voulons vraiment jouer (contre la Belgique), jouer pour Christian et pour tous ceux qui nous ont supportés" avait-il précisé.

4 - Wembley, souvenirs mitigés

Ce mercredi, Højbjerg joue le match le plus important de sa carrière face aux Anglais, qui joueront devant leur public. À Wembley, cela s'annonce d'autant plus compliqué que le "temple du football" ne lui réussit pas vraiment, du moins en club. En 2017 et en 2021, il y perd deux finales de Coupe de la Ligue anglaise, respectivement avec les Saints de Southampton et les Spurs de Tottenham. 

En sélection, c'est une autre histoire. En octobre dernier, lui et ses coéquipiers s'étaient imposés (1-0) sur la pelouse londonienne grâce au but sur penalty de Christian Eriksen. Depuis, beaucoup de choses ont changé, mais lui aussi.


Tristan HENRY

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