"Je pensais que je devenais fou" : l'ancien All Black Carl Hayman révèle être atteint de démence précoce

Publié le 3 novembre 2021 à 15h11
L'ancien pilier Carl Hayman sous les couleurs du RC Toulon, le 4 juin 2015.
L'ancien pilier Carl Hayman sous les couleurs du RC Toulon, le 4 juin 2015. - Source : NICOLAS TUCAT / AFP

SANTÉ - Passé par Toulon, l'ancien pilier All Black Carl Hayman a révélé, mercredi 3 novembre, souffrir de démence précoce et de probable encéphalopathie chronique. Le rugbyman, à la retraite depuis 2015, va se joindre à un collectif d'anciens joueurs qui a lancé une procédure judiciaire contre les instances du rugby.

C'est un mal dont on tait le nom qui ronge le rugby de l'intérieur. Carl Hayman, l'ancien pilier des All Blacks et de Toulon, s'est joint à une procédure judiciaire contre les autorités du rugby, initiée par de nombreux anciens joueurs victimes de troubles neurologiques, après avoir lui-même révélé qu'il souffrait, à 41 ans, de démence précoce. Sélectionné à 45 reprises avec la Nouvelle-Zélande, il a expliqué avoir consulté après avoir ressenti pertes de mémoire et sentiments de confusion.

"J'ai passé plusieurs années à penser que je devenais fou, et à un certain point, c'est vraiment ce que je pensais", a expliqué l'ancien rugbyman au site néo-zélandais The Bounce. "C'étaient des migraines constantes et toutes ces choses qui arrivaient et que je ne parvenais pas à comprendre", a-t-il détaillé, le conduisant à abuser de l'alcool et à avoir des pensées suicidaires.

Un collectif d'anciens joueurs attaque World Rugby

Les examens que Carl Hayman a passés ont montré qu'il souffrait de démence précoce et d'une probable encéphalopathie chronique, une maladie neurodégénérative. Ce diagnostic sans appel l'a poussé à rejoindre l'action intentée par environ 150 joueurs, notamment en Angleterre, contre les autorités du rugby. En décembre dernier, ce groupe d'anciens professionnels, dont l'Anglais Steve Thompson, qui a notamment raconté ne pas se souvenir d'avoir remporté la Coupe du monde avec le XV de la Rose en 2003, et le Gallois Alix Popham, avait annoncé son intention de demander des dédommagements à World Rugby et aux fédérations anglaise et galloise après des diagnostics de troubles neurologiques.

"Les plus jeunes espoirs doivent savoir vers quoi ils se dirigent. Il doit y avoir plus de soutien et une meilleure surveillance au sujet des blessures à la tête et des charges de travail", a-t-il insisté. L'ancien "meilleur pilier du monde" passé par le Top 14 a indiqué que l'une des raisons l'ayant incité à s'associer aux plaintes existantes était de provoquer des changements radicaux dans la manière de jouer au rugby et de minimiser les risques de blessures à la tête. "J'espère qu'à l'avenir les joueurs ne tomberont pas dans le même piège que moi, qu'ils ne seront pas traités comme des objets et seront mieux traités", a-t-il poursuivi. 

Le bien-être des joueurs est la priorité du sport
World Rugby

"Le problème du lien entre commotions et problèmes cognitifs de long terme est extrêmement complexe, et la science évolue", a réagi le patron de la Fédération néo-zélandaise de rugby Mark Robinson. "New Zealand Rugby va continuer de prioriser le bien-être des joueurs et de rendre le sport sûr pour tout le monde", a-t-il ajouté. L'entraîneur assistant des All Blacks John Plumtree a témoigné de sa sympathie pour le triple champion d'Europe entre 2013 et 2015. Il a affirmé que les règles du rugby avaient depuis été modifiées pour protéger la tête des joueurs et réduire le nombre de commotions. "Nous avons la responsabilité de nous assurer que le jeu est sûr et que les parents souhaitent que leurs enfants y jouent", a-t-il souligné.

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World Rugby, l'instance en charge du rugby mondial, a de son côté indiqué qu'elle n'avait pas été contactée par Carl Hayman, et n'a pas commenté ses déclarations, réaffirmant que pour elle, "le bien-être des joueurs est la priorité du sport".


La rédaction de TF1info

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