JO de Tokyo : la piste olympique, l'autre "coup de pouce" pour faire tomber les records

Publié le 4 août 2021 à 14h06, mis à jour le 4 août 2021 à 17h13
Un plan large de la piste ultra-rapide du Stade olympique de Tokyo.
Un plan large de la piste ultra-rapide du Stade olympique de Tokyo. - Source : INA FASSBENDER / AFP

AVANTAGE - Depuis le début des épreuves d'athlétisme, les temps de référence se multiplient sur le tapis rouge du Stade olympique de Tokyo. La piste donnerait un avantage de 1 à 2% en termes de performances aux athlètes, déjà favorisés par les pointes nouvelles générations.

"On a l'impression de marcher sur des nuages". Voilà comment le sprinteur américain Ronnie Baker, cinquième du 100m (9"95), a décrit la piste d'athlétisme du Stade olympique. À Tokyo, les chronos sensationnels s'enchaînent, jour après jour. Mardi 3 août, le Norvégien Karsten Warholm est devenu le premier homme à passer sous les 46 secondes (45"94) sur le 400m haies le plus rapide de l'histoire. Pas plus tard que, mercredi 4 août, l'Américaine Sydney McLaughlin, elle aussi sur 400m haies, a claqué un temps canon de 51"46, devant Dalilah Muhammad, deuxième meilleure performance de l'histoire (51"58).

Une liste non exhaustive à laquelle on peut ajouter, pêle-mêle, le record d'Europe du 100m, battu à deux reprises, par l'Italien Lamont Marcell Jacobs (9"80), les records olympiques de la Portoricaine Jasmine Camacho-Quinn sur 110m haies (12"26) et de la Jamaïcaine Elaine Thompson-Herah sur 100m (10"61), aussi deuxième performeuse de tous les temps sur 200m (21"53), derrière le controversé record du monde de l'Américaine Florence Griffith-Joyner en 21"34, établi aux Jeux de Séoul en 1988. Des marques de références qui n'ont peut-être pas fini de tomber sur la piste aux étoiles de la capitale nippone. 

Pour expliquer ces records, le temps chaud et, surtout, les pointes nouvelles générations ont été avancés. Composées d'une plaque de carbone, ces chaussures contribueraient aux performances exceptionnelles. "Ça explique en partie les records", a convenu Olivier Vallaeys, responsable des 400m de l'équipe de France, au micro de TF1. "Vous ne transformez pas une deux chevaux en Ferrari, mais tout le monde se les arrachent. Tous les équipementiers essaient d'avoir la pointe la plus efficace possible." Même la légende du sprint Usain Bolt, recordman du 100 et 200m, y est allé de son commentaire. "C'est bizarre et injuste pour beaucoup d'athlètes. J'aurais couru moins de neuf secondes et demie avec des super pointes."

Pluie de records aux JO de Tokyo : merci aux chaussures magiques ?Source : JT 20h Semaine
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Les performances améliorées "de 1 à 2%" grâce à la piste

Mais les pointes sont-elles les seules à même d'expliquer ces records à la chaîne ? Pas vraiment, si l'on en croit le concepteur de la piste du Stade olympique de Tokyo. "Chaque fois qu'il y a des Jeux olympiques, nous essayons d'améliorer la formulation du matériel et Tokyo n'a pas été différent", a affirmé Andrea Vallauri, designer pour l'entreprise Mondo, qui a fait de ses pistes à records un argument marketing.

"La piste est très fine, 14 millimètres, mais nous avons ajouté un nouvel élément : des granulés de caoutchouc. Dans la couche inférieure de la piste se trouve cette conception, qui crée des petites poches d'air", a-t-il détaillé, auprès du quotidien The Guardian. "Ils fournissent non seulement une absorption des chocs, mais donnent également un certain retour d'énergie, un effet trampoline. Nous avons amélioré cette combinaison et c'est pourquoi nous constatons que la piste a amélioré ses performances."

Des explications validées par Sydney McLaughlin, championne olympique du 400 m haies sur le tapis rouge de Tokyo. "Certaines pistes absorbent votre rebond et votre mouvement, celle-ci le régénère et vous le rend", a indiqué l'Américaine. De là à améliorer les chronos des athlètes ? "Dans les tests en laboratoire, nous pouvons voir l'amélioration", a confirmé le concepteur de la piste ultra-rapide de Tokyo, évoquant "un coup de pouce" significatif. "C'est difficile à dire exactement, mais peut-être un avantage de 1 à 2%." Avec l'évolution du matériel, les pointes et la piste, l'athlétisme est entré dans une nouvelle ère. 


Yohan ROBLIN

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