JO de Tokyo : scandales et incertitudes, cacophonie autour de la cérémonie d'ouverture

Publié le 22 juillet 2021 à 19h01, mis à jour le 23 juillet 2021 à 10h38

Source : TF1 Info

TUMULTE - Report historique, huis clos, polémiques internes en pagaille... Jusqu'au dernier jour, les Jeux olympiques de Tokyo ont fait face à leur lot d'obstacles. Le limogeage du directeur artistique de la cérémonie d'ouverture, Kentaro Kobayashi, à la veille de l'événement, est le dernier coup dur subi pour les organisateurs.

Tokyo n'avait pas besoin de ça. Contraints l'été dernier à un report historique des Jeux, à cause du Covid-19, une première en temps de paix, les organisateurs japonais pensaient avoir connu le pire. À tort. À la veille du lancement officiel des JO, la résurgence de la pandémie au niveau mondial les a obligés à interdire les spectateurs étrangers puis à ordonner un huis clos pour la quasi-totalité de la quinzaine olympique. De nouvelles contraintes d'organisation qui sont venues s'ajouter aux conditions caniculaires - la chaleur et l'humidité - dans la capitale nippone, promettant le supplice aux milliers d'athlètes. 

Cela aurait pu s'arrêter là, mais visiblement ce n'était pas assez. Le comité d'organisation a dû faire face à des scandales en cascade. Après la démission en février 2021 de Yoshiro Mori, le président de Tokyo 2020, suite à un dérapage sexiste et misogyne, le passé, que les uns et des autres avaient pris soin de mettre sous le tapis, a refait surface. Le 18 mars, Hiroshi Sasaki, le directeur artistique des cérémonies d'ouverture et de clôture des JO, a été poussé vers la sortie pour des propos grossophobes. Il avait suggéré en interne de déguiser en porc Naomi Watanabe, une vedette locale aux rondeurs assumées. 

Des préparatifs mis à mal en interne

Si le départ du président de Tokyo 2020 a été compensé par la nomination de Seiko Hashimoto, médaillée olympique et ministre chargée des Jeux olympiques et de l'égalité femme-homme, le limogeage de Sasaki a fait tanguer l'organisation. Dans la dernière ligne droite, deux nouvelles défections sont venues encore noircir le tableau. Le 19 juillet, Keigo Oyamada, compositeur de l'un des thèmes musicaux de la cérémonie d'ouverture, a été épinglé, après des révélations sur son passé de harceleur. Trois jours plus tard, le 22 juillet, le directeur artistique Kentaro Kobayashi a, à son tour, été démis de ses fonctions, avec effet immédiat, pour une blague douteuse sur l'Holocauste, remontant à plus de 20 ans. 

De quoi jeter un flou sur le contenu qui sera proposé, sur le fond et la forme, à la veille de la cérémonie, censée donner le ton de la quinzaine olympique. Les organisateurs ont précisé qu'ils "continuaient les préparatifs de la cérémonie d'ouverture comme initialement programmés" après s'être assurés qu'"aucune portion de la cérémonie ne pouvait être attribuée uniquement à Kentaro Kobayashi". "Nous réfléchissons encore sur la manière dont nous pouvons assurer la cérémonie", avait reconnu Seiko Hashimoto, précisant qu'elle voulait tirer des conclusions "aussi vite que possible", consciente que cette nouvelle polémique interne ternie un peu plus l'image des Jeux, déjà impopulaires auprès d'une grande partie de la population.

Sans sponsor et avec peu d'athlètes

Face au rejet des Japonais, plus de 80% d'entre eux étant opposés à la tenue des JO, dans un sondage publié le 17 mai, la cérémonie d'ouverture s'annonce morose, pour ne pas dire déprimante. Seuls 950 dignitaires et officiels, triés sur le volet, garniront les 68.000 places du Stade olympique de Tokyo. Malgré des contributions, chiffrées à plusieurs centaines de millions d'euros, plusieurs patrons d'entreprises sponsors, comme Toyota, Panasonic, Bridgestone, NEC ou Fujitsu, ont décidé de s'abstenir d'y aller pour s'aligner sur la position du grand public. Une façon, pour eux, de se préserver.

Jeux olympiques : Tokyo ne sera pas à la fêteSource : JT 20h Semaine

Pas de public, pas de sponsor, des polémiques internes... et peu d'athlètes. Dès janvier, les responsables olympiques avaient annoncé que le nombre de sportifs prévus au traditionnel défilé des délégations allait être divisé par deux, soit environ 6000 personnes. Ils seront peut-être encore moins à réaliser le tour de piste. Comme à chaque cérémonie d'ouverture, les athlètes, engagés des compétitions le lendemain ou dans les jours suivants, pourraient être découragés d'assister à l'événement. Ce sera notamment le cas de l'équipe de France de volleyball, qui fera ses débuts aux JO contre les États-Unis samedi. 

Quant aux autres sportifs, déjà présents au village olympique ou qui n'arriveront sur place que le jour J, rien ne les obligera à défiler dans l'enceinte vide. Nombreux d'entre eux préféreront sans doute rester au village olympique pour éviter d'accumuler de la fatigue lors de ce show inaugural, qui doit durer environ 3h30. La crainte d'attraper le Covid, malgré la distanciation imposée par les organisateurs, et de voir les Jeux s'arrêter, avant qu'ils ne commencent, pourraient aussi les dissuader à prendre part à la fête.


Yohan ROBLIN

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