Le patron des JO de Tokyo démissionne après le tollé suscité par ses propos sexistes

par Charlotte ANGLADE
Publié le 12 février 2021 à 11h24, mis à jour le 12 février 2021 à 14h26
Le président du comité d'organisation des JO de Tokyo, Yoshiro Mori, annonce sa démission le 12 février 2021 après la tenue de propos sexistes ayant suscité un tollé.
Le président du comité d'organisation des JO de Tokyo, Yoshiro Mori, annonce sa démission le 12 février 2021 après la tenue de propos sexistes ayant suscité un tollé. - Source : KIM KYUNG-HOON / POOL / AFP

INÉDIT - Après une semaine de polémique au sujet de ses propos sexistes, Yoshiro Mori a donné ce vendredi sa démission. Pour l'heure, aucun indice n'a été donné sur son potentiel successeur.

La polémique faisait rage depuis plusieurs jours. Yoshiro Mori, le président du comité d'organisation des Jeux olympiques de Tokyo, a annoncé ce vendredi sa démission après le tollé provoqué par ses propos sexistes de la semaine dernière. "Mes déclarations inappropriées ont causé beaucoup de trouble (...). Je souhaite démissionner de la présidence dès aujourd'hui", a-t-il déclaré lors d'une réunion du conseil exécutif de Tokyo-2020. "Ce qui est important, c'est d'organiser les Jeux en juillet. Il ne faut pas que ma présence devienne un obstacle" à cet objectif, a ajouté l'ancien Premier ministre du Japon (2000-2001), aujourd'hui âgé de 83 ans.

Des propos jugés "complètement inappropriés" par le Comité international olympique

Yoshiro Mori avait déclaré la semaine dernière que les femmes avaient des difficultés à parler de manière concise lors des réunions, ce qu'il trouvait "embêtant". Il s'était excusé maladroitement le lendemain, tout en excluant initialement de démissionner. Mais un déluge de critiques avait suivi au Japon, comme à l'étranger. Des sportifs, des personnalités politiques et des sponsors des JO étaient notamment montés au créneau, dénonçant des remarques contraires à l'égalité des sexes et aux valeurs de l'olympisme. Le Comité international olympique (CIO) avait aussi fini par juger cette semaine que les propos de du président du comité d'organisation avaient été "complètement inappropriés", après avoir dans un premier temps estimé que l'affaire était close au vu de ses excuses. Ce vendredi, Yoshiro Mori s'est à nouveau défendu en affirmant qu'il respectait les femmes et qu'il avait au contraire incité les sept membres féminines (sur 35) du conseil d'administration de Tokyo-2020 à s'exprimer.

Le mystère demeure autour de la succession de Yoshiro Mori

La gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, qui avait critiqué les propos de Yoshiro Mori, a rendu hommage après la démission de celui-ci "à tout le travail" qu'il avait accompli. Le président du Comité international paralympique (CIP) Andrew Parsons l'a aussi remercié, disant souhaiter que la récente polémique contribue à une société qui mettrait "davantage l'accent sur la diversité et l'inclusion".

Le président du comité d'organisation des JO de Tokyo avait suggéré jeudi que Saburo Kawabuchi, ancien grand patron du football japonais, lui succède. Mais alors qu'il s'était d'abord dit prêt à prendre le relais, l'homme, d'un an plus âgé que l'actuel occupant du poste, s'est rétracté face aux critiques et aux réticences du gouvernement, selon les médias nippons. "Je ne pense pas que nommer un vieil homme comme lui va convaincre le public", a déclaré ce vendredi au quotidien Asahi une source impliquée dans l'organisation des Jeux de Tokyo. Des publications hostiles à cette nomination ont par ailleurs rapidement fleuri sur Twitter au Japon. 

"Rien n'a été décidé", a déclaré ce vendredi la ministre japonaise des Jeux olympiques, Seiko Hashimoto, à propos de la succession de Yoshiro Mori quelques heures avant la démission de ce dernier. Plusieurs médias suggèrent que la ministre, ancienne athlète aux sept participations olympiques et l'une des deux seules femmes au gouvernement, serait désormais favorite pour remplacer Yoshiro Mori.

Yoshiro Mori, spécialiste des tollés

Depuis son retrait de la scène politique en 2012, Yoshiro Mori s'est fortement impliqué dans la promotion du sport au Japon. Il avait notamment joué un rôle clé dans l'attribution à son pays de l'édition 2019 de la Coupe du monde de rugby, un sport qu'il affectionne tout particulièrement. Il a été le président de la Fédération japonaise de rugby à XV de 2005 à 2015 et avait été nommé en 2014 président de Tokyo-2020, le comité d'organisation des Jeux olympiques de Tokyo. Mais sa carrière a régulièrement été marquée par des tollés.

Dès les premiers jours de son mandat de Premier ministre, Yoshiro Mori avait provoqué un scandale en déclarant que le Japon était "le pays des dieux, avec l'empereur en son centre", une expression qui ravivait la mémoire de la sombre période impérialiste du pays dans les années 1930-40. Cette première gaffe avait été suivie de plusieurs autres, remettant à chaque fois en doute son aptitude à diriger le pays. En février 2001, il avait commis la faute politique de trop en poursuivant sa partie de golf alors qu'il venait d'être prévenu d'une collision entre un bateau-école japonais et un sous-marin américain au large de Hawaï, un accident qui a causé la mort de neuf Japonais.

Avant ses propos sexistes de la semaine dernière, il avait commis d'autres maladresses en tant que président de Tokyo-2020. Deux jours plus tôt, il avait notamment clamé que les JO de Tokyo auraient lieu cet été "quoi qu'il arrive" concernant l'évolution de la pandémie. Ces propos péremptoires avaient aussi fait polémique, alors que la grande majorité des Japonais est hostile à la tenue de l'événement face à la pandémie qui n'est toujours pas maîtrisée dans le monde, y compris dans l'archipel nippon.

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