RÉACTIONS – Les incidents qui ont émaillé le quart de finale aller de Ligue Europa entre Lyon et Besiktas jeudi posent question. Si ce sont des jets d’engins pyrotechniques de supporters stambouliotes qui ont provoqué l’envahissement du terrain par des supporters français, le président turc Erdogan et le journal pro-gouvernemental Sabah considèrent que ce sont les Français qui ont mis le feu aux poudres. Alors, à qui la faute ?
Quand les choses dégénèrent à ce point-là, difficile, même avec une nuit de recul, de comprendre ce qu’il s’est passé. Certes, le quart de finale aller de Ligue Europa de jeudi soir entre Lyon et Besiktas avait été classé au niveau de risque le plus élevé (4 sur 4) par les autorités, mais qui pouvait imaginer un tel chaos aux alentours du stade, où les bagarres se sont multipliées dès 18h30, puis en tribunes, où des jets de projectiles ont provoqué l’envahissement du terrain par les supporters lyonnais pris pour cible, vers 20h50, soit un petit quart d'heure avant le coup d'envoi ?
"Les hooligans de Lyon ont attaqué les supporters turcs, ensuite les fans de Besiktas ont répliqué"
Les images, diffusées en direct à la télévision, accablent les supporters stanbouliotes, dont les jets d’engins pyrotechniques sur les Lyonnais situés en contrebas, dans le virage Sud du Parc OL, auraient pu avoir des conséquences bien plus graves que le report du match de près de 45 minutes. "De nombreux blessés n'ont pas voulu partir tout de suite par fierté. Avec ces engins de feu, certains ont eu des blessures sévères. Il y a eu un certain nombre de bombes agricoles qui ont explosé au-dessus de nos fans et donc ils n'avaient qu'une possibilité, celle de fuir sur le terrain. Heureusement qu'ils l'ont envahi, sinon ils auraient été pris au piège par les supporters turcs qui sont rentrés en force. Une partie de ces supporters n'avaient pas de billet. Ça a été une expérience très difficile. C'était à moi de prendre la responsabilité, autrement on n'aurait pas pu jouer", a souligné, a posteriori, Jean-Michel Aulas.
Le président du club lyonnais s’est signalé, alors que la confusion se trouvait à son paroxysme, en descendant sur le terrain, au milieu des supporters paniqués, pour appeler au calme, avant de monter en tribune et d’échanger avec eux via le micro du kop. Il passera d’ailleurs toute la 1ère période du match en leur compagnie. Un courage et une solidarité qui n’ont pas ému grand-monde en Turquie. Interrogé à la télévision sur les incidents, le président Recep Tayyip Erdogan a, lui, estimé que ce qui est "très dangereux", ce sont "les supporters français qui ont pénétré sur la pelouse". Les médias locaux n’ont pas été en reste. "Les hooligans de Lyon ont attaqué les supporters turcs, dont des femmes et des enfants, et ensuite les fans de Besiktas ont répliqué", a ainsi affirmé le site du journal pro-gouvernemental Sabah.
Jean-Michel Aulas : "Des supporters turcs très dangereux, qui n'auraient jamais dû être là, sont arrivés d'Allemagne"
Un point de vue partisan forcément réducteur. Des témoins ont effectivement vu des supporters lyonnais s’en prendre à leurs homologues turcs, à l’extérieur du stade et dans les tribunes. Mais les Ultras du Besiktas ont débuté leurs provocations tôt dans la journée, allant jusqu’à s’attaquer à des gendarmes ou à détruire l’OL Store qui avait refusé de leur fournir des billets.... Les responsabilités sont donc vraisemblablement partagées. De la même manière, difficile de reprocher aux autorités françaises d’avoir pris l’évènement à la légère au regard de l’importance du dispositif déployé.
En parallèle, beaucoup ont pointé le fait que l’OL a vendu quelque 25.000 places sans effectuer le moindre tri, au lieu de privilégier ses abonnés, ce qui a permis à de nombreux sympathisants de Besiktas de se mêler aux Lyonnais dans les hauteurs du stade... "Avec la loi française, à partir du moment où on vend sur une billetterie digitale, on n'a pas le droit de faire du refus de vente, s’est défendu Jean-Michel Aulas. On a simplement fait en sorte qu'il n'y ait pas de vente à l'étranger pour éviter un certain nombre de choses. Ils se sont très, très bien organisés. Il y a eu l'arrivée de supporters turcs qui n'auraient jamais dû être là, venant d'Allemagne. Quelqu'un leur a vendu les billets. Ce sont des gens dangereux. En arrivant à convaincre nos supporters de rejoindre la tribune, on a sauvé le match. Et comme en général, on est toujours récompensé quand on fait une bonne action, nos joueurs ont véritablement fait une seconde période excellente. C'est aussi un petit clin d'oeil du destin." Car oui, au fait, Lyon a gagné 2-1.