Pour Cédric Klapisch, Renaud Lavillenie était "une locomotive que rien ne pouvait arrêter"

Publié le 20 février 2014 à 14h58
Pour Cédric Klapisch, Renaud Lavillenie était "une locomotive que rien ne pouvait arrêter"

MEDIA - Cédric Klapisch est l'auteur d'un documentaire "sportif" sur l'exploit de Renaud Lavillenie, nouveau recordman du monde du saut à la perche. Pour metronews, les deux hommes nous racontent la genèse de cet authentique exploit qui fait l'objet d'un premier documentaire de vingt minutes diffusé samedi sur Canal+.

La rencontre peut paraître improbable. Sauf qu'avant d'être le réalisateur de cinéma que l'on connaît (L'Auberge espagnole, Le casse-tête chinois), l'homme est aussi un grand amateur d'athlétisme. Et de saut à la perche en particulier qu'il a lui-même pratiqué de 13 à 18 ans. Caméra à l'épaule, le 15 février dernier, il était à Donetsk quand Renaud Lavillenie a sauté à 6,16 mètres, dépassant la barre du "Tsar" Sergueï Bubka qui tenait bon depuis plus de vingt ans . De ce moment historique, et dans l'urgence, Klapisch en a tiré un premier documentaire "L'élévation", diffusé samedi à 16 h 30 sur Canal+ en attendant un 52-minutes dans deux ans.

Pourquoi avoir décidé de suivre le perchiste Renaud Lavillenie ?
Je voulais d'abord faire un documentaire sur la préparation aux JO. Et si j'ai accepté la proposition c'est surtout parce que j’ai fait du saut à la perche pendant cinq ans. Devenir champion de saut à la perche, c'était un rêve d'enfant. Puis en rencontrant Renaud, en constatant qu'il était hors normes, j'ai pensé qu'il pouvait battre le record du monde alors que, comme beaucoup de monde, 6,15 mètres paraissaient imbattable. Je me suis dit qu'il fallait aller à Donetsk (Ukraine), sur les terres de Sergueï Bubka, parce qu'il pouvait s'y passer quelque chose. Là-bas, j'ai trouvé la conjonction des éléments propices à l'exploit : cette énergie, cette ambiance particulière qui fait qu'on ne saute pas 6,16 mètres tous les week-ends. Etre témoin de quelqu'un qui atteint l'inaccessible, c'était l'idée.

D'où la fascination pour Renaud...
Renaud, c'est quelqu'un d'humble, de très terre à terre. Et paradoxalement, pour décoller, il faut avoir les pieds sur terre. Notre collaboration s'est concrétisée avec sa rencontre il y a deux semaines dans un café place Denfert-Rochereau. Je le connaissais en tant que sportif et je suivais ses progrès comme j'ai toujours suivi l'école française de perche. Je n'avais pas envie de rater ce rendez-vous. J'avais déjà manqué Jean Galfione (champion olympique à Atlanta en 1996, ndlr) que j'avais rencontré il y a cinq ans au moment où lui arrêtait.

Le rapport avec la caméra ne semble pas avoir déstabilisé Lavillenie ?
Non, lui, ça l'a dopé. Mais on ne peut pas être Zidane, Usain Bolt ou Renaud Lavillenie, si on n'est pas prêt à assumer cette pression médiatique. Renaud sait déjà très bien ouvrir les portes à la caméra et les fermer quand ça devient personnel, tourné vers l'intérieur.

Comment avez-vous tiré avantage de votre passé de perchiste ?
Je sais où mettre la caméra, quoi filmer. Tout le monde parle d'en haut mais quand on est au-dessus de la barre, tout est déjà fini. Le saut se joue plus tôt, dans la course, le présenté de la perche. Après, il s'agit de choix de mise en scène. Volontairement, moi, je me suis mis au départ de la course. C'est là qu'on perçoit la détermination. Samedi dernier, quand je l'ai vu s'élancer à 6,01 mètres, j'ai vu une locomotive partir et rien ne pouvait l'arrêter.


La rédaction de TF1info

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