Quatre questions pour comprendre le refus de l'UEFA d'illuminer le stade de Munich aux couleurs LGBT+

E.B
Publié le 23 juin 2021 à 11h30, mis à jour le 23 juin 2021 à 11h39

Source : TF1 Info

EXPLICATIONS - La proposition d'éclairer l'Allianz Arena aux couleurs de l'arc-en-ciel, mercredi 23 juin à l'occasion du match Allemagne-Hongrie, a été écartée par l'instance dirigeante du foot européen. Cette décision a suscité de vives réactions en Europe.

Face à la Hongrie à Munich (21h), l'Allemagne se qualifiera si elle gagne ou fait match nul, mais la Mannschaft risque aussi l'élimination en cas de défaite. Mais l'essentiel n'est pas que là. La rencontre a pris un tournant diplomatique quand il a été question d'illuminer l'Allianz Arena, qui doit accueillir ce dernier match du groupe A, aux couleurs arc-en-ciel, comme cela avait été le cas le 30 janvier 2021 en Bundesliga, lors de Bayern Munich-Hoffenheim. 

L'UEFA a tranché, à la veille de la rencontre, et cela ne sera pas le cas. On vous explique pourquoi cette décision s'est attiré les critiques des ministres des Affaires étrangères européens. 

Qu'est-ce qui était demandé ?

Après une motion multipartite, le conseil municipal de Munich s'était prononcé en faveur de l'éclairage de l'Allianz Arena aux couleurs LGBT. Dans une lettre envoyée au président de l'UEFA Aleksander Ceferin, Dieter Reiter, le maire de la capitale bavaroise, avait appelé l'instance qui gère le football européen à laisser l'arène de Munich briller sous les couleurs de l'arc-en-ciel mercredi, lorsque l'Allemagne y jouera contre la Hongrie, afin de protester contre une loi discriminatoire récemment votée en Hongrie : "La Hongrie suit ainsi l'exemple de la législation homophobe et transphobe de la Russie", écrivait Reiter. 

Selon l'édile social-démocrate, illuminer l'Allianz Arena permettrait "d'envoyer un signal visible de loin pour notre compréhension commune des valeurs", peut-on lire dans le courrier adressée à l'UEFA

Pourquoi l'UEFA n'a pas voulu accéder à cette requête

"De par ses statuts, l'UEFA est une organisation politiquement et religieusement neutre", explique la confédération européenne dans un communiqué. "Étant donné le contexte politique de cette demande - un message visant une décision prise par le parlement national hongrois -, l'UEFA doit refuser cette requête", ajoute-t-elle.

L'instance européenne, qui dit "comprendre que l'intention est également d'envoyer un message pour promouvoir la diversité et l'inclusion", accepte cependant l'idée et propose des dates alternatives pour l'illumination du stade en arc-en-ciel : "Soit le 28 juin - le Christopher Street Liberation Day (Gay pride locale, ndlr) - soit entre le 3 et le 9 juillet qui correspond à la semaine du Christopher Street Day à Munich", détaille-t-elle dans son communiqué. 

 

Le 20 juin dernier, l'UEFA s'était également penchée sur le cas de Manuel Neuer. Le gardien allemand arbore un brassard aux couleurs arc-en-ciel et, s'interrogeant sur la connotation politique de ce geste, l'instance avait finalement abandonné son enquête, considérant ce brassard comme "un symbole collectif pour la diversité et donc pour une 'bonne cause'".

La France a, par la voix de son secrétaire d'État aux Affaires européennes Clément Beaune, "regretté" le refus de l'UEFA. "Je crois que cela aurait été un symbole très fort", a-t-il déclaré à l'AFP. "On est au-delà d'un message politique, c'est un message de valeurs profondes", a-t-il estimé à son arrivée à une réunion avec ses homologues européens à Luxembourg. En réaction à "la décision honteuse de l'UEFA", Munich a annoncé qu'elle pavoiserait plusieurs bâtiments de la ville aux couleurs du drapeau LGBT+. 

Que prévoit cette loi ?

Le texte, adopté le 15 juin, stipule que "la pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l'identité de genre, le changement de sexe et l'homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans". Selon le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjartoloi, "cette loi ne dit rien sur l'orientation sexuelle des adultes. Elle dit seulement que tant que les enfants ont moins de 18 ans, leur éducation sexuelle relève exclusivement de leurs parents, c'est tout", s'est-il défendu, saluant par ailleurs la décision de l'UEFA.

Votés À l'initiative du parti de Viktor Orban, ces amendements sont "indignes de l'Europe", a fustigé le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes Jean Asselborn en arrivant à la réunion à Luxembourg. Il a appelé la Commission européenne à agir, précisant que son pays, la Belgique et les Pays-Bas avaient rédigé une déclaration en ce sens. La loi hongroise "viole clairement les valeurs de l'UE", a renchéri le ministre délégué allemand aux Affaires européennes Michael Roth, précisant que son pays se joignait à l'initiative du Benelux. Paris soutient aussi cette déclaration, a appris l'AFP de source diplomatique.  

Que peut faire l'UE ?

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait fait part de sa préoccupation la semaine dernière, ajoutant que l'exécutif européen était en train d'examiner si cette loi "enfreint la législation européenne".  Les critiques s'intensifient à l'égard de la Hongrie. Mardi, à Luxembourg, à travers une déclaration commune, 13 pays européens, "profondément inquiets", ont appelé la Commission européenne à agir. Cette dernière a le pouvoir de déclencher des procédures d'infraction pour violation du droit de l'UE contre un pays, pouvant mener à une saisine de la Cour de justice européenne.


E.B

Tout
TF1 Info