Marathon : un médecin du sport nous dit comment éviter tout risque pour la santé

par Allan DELAMOTTE
Publié le 6 avril 2018 à 18h00

Source : Sujet TF1 Info

SANTÉ - Running rime souvent avec endurance et vie "ultra saine". Pourtant, la pratique intense de la course à pied soulève plusieurs questions d'ordre médical. A deux jours du marathon de Paris, le médecin du sport Olivier Chéradame a accepté, pour LCI, de faire un tour d'horizon des effets négatifs et positifs du marathon.

Ce dimanche 9 avril, tous les amateurs de course à pied (ou presque), et surtout les 55.000 participants inscrits, auront les yeux rivés sur la ligne de départ du marathon de Paris.  Si la course est très importante pour se tester et connaître ses capacités, notamment en terme de chrono, sa pratique soulève de nombreuses questions d'ordre médical. Olivier Chéradame, médecin du sport, passe en revue les côtés positifs et négatifs du marathon.

Pour le professionnel de santé, les bienfaits de la pratique de la course à pied quotidienne et du marathon  ne font aucun doute : "C’est très, très bon au niveau cardiovasculaire. En soi, l’entraînement quotidien en vue d'un marathon est excellent pour la santé.  C’est de l’exercice physique, du travail à la fois fractionné et de longue distance. Cela bénéficie à toutes les fibres musculaires du corps mais cela provoque un effet bénéfique également au niveau cardiaque" explique Dr Chéradame, qui émet néanmoins une réserve.

La pratique du marathon est traumatisante
Dr Olivier Chéradame

"Le principal problème de la course à pied, c’est qu’en courant, on met 6 à 7 fois le poids de son corps chaque seconde, sur les genoux. Chez la majorité des marathoniens, les genoux sont catastrophiques, ils n’ont plus de cartilage. La pratique du marathon ‘bouffe’ littéralement les genoux, c’est très impactant" explique-t-il avant d'ajouter : "La pratique d’un marathon est traumatisante."

Dans une thèse réalisée avec ses étudiants sur les pathologies liées à la préparation des courses de longue distance, Olivier Chéradame a constaté qu'entre 70 à 80% des gens qui pratiquaient de manière intense la course à pied avaient des problèmes, des douleurs, "notamment aux tibias et sous les pieds, ou encore des tendinites au niveau des genoux."

L'examen médical qui permet de calculer son chrono

Selon le médecin, plus que la course, l'enjeu même du marathon "pose problème". "Quand vous arrivez sur la ligne de départ, vous avez une petite trouille, un petit stress qui accélère le rythme cardiaque. La recherche de  la performance conduit également les participants à courir trop vite et à sauter les ravitaillements", (stands sur lesquels sont mis à disposition boissons et fruits, ndlr) développe Olivier Chéradame, expliquant également la nécessité de passer une batterie de tests et de connaître son seuil avant le jour J : "Ce qui est important, c’est de faire une épreuve d’effort avec le calcul de la VO2max, qui calcule la quantité maximale d'oxygène que le corps consomme lors d'un effort intense. Une fois qu’on a déterminé sa fréquence cardiaque et sa VO2Max, on peut avoir une idée précise du temps estimé de notre course. Cela permet d’avoir un petit objectif et de ne pas le dépasser."

Ce dernier regrette la constante recherche de la performance . "Si on a des gens raisonnables qui veulent suivre celui qui le termine en 5h, ça va, seulement, ils veulent tous essayer de battre des records. Et on se retrouve à la fin des marathons avec des personnes dans des états pas possibles. C’est très souvent ceux qui partent trop vite."  "Ceux qui partent doucement, qui respectent leur seuil et les ravitaillements, dans les 10 derniers kms, ils doublent 2.000 personnes" insiste Dr Chéradame avant d'ajouter : "Les marathoniens le disent : ce qui est hyper valorisant quand on court encore à la fin du marathon, c'est le fait de gagner des centaines voire des milliers de places, parce que les gens marchent. Les deux-tiers finissent la course en marchant."

Le "mur" du 29e km, souvent dû à une mauvaise gestion

Concernant le fameux "mur" du marathon, situé au 30e kilomètre, pour Olivier Chéradame, 9 fois sur 10 des personnes ce sont des personnes qui ont mal géré leur course. On appelle cela l’épuisement du glycogène, le nutriment équivalent au sucre qui nourrit les muscles. Cet épuisement correspond notamment au fait de sauter les ravitaillements et de courir trop vite au départ. Les premiers ravitaillements sont 'zappés' allègrement par les coureurs."

Que ce soit dans le cadre de la pratique de la course à pied ou de toute autre pratique sportive, le médecin recommande de suivre à la lettre les dix règles d'or du sportif, qu'il considère comme "vitales". Ces dernières recommandent notamment de bien s'hydrater, de ne pas fumer deux heures avant et après l'effort ou encore de ne pas courir en cas de fièvre. Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire. 


Allan DELAMOTTE

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