La folle remontée de Jérémie Beyou sur le Vendée Globe : "J'y suis allé, étape par étape, cap après cap"

Publié le 18 janvier 2021 à 21h52

Source : TF1 Info

REMONTADA - Grand favori, parti en dernière position après avoir dû rentrer aux Sables-d'Olonne pour réparer son bateau, Jérémie Beyou poursuit, avec panache, sa remontée de la flotte. Un exploit tant le Vendée est réputé exigeant.

Libéré, (presque) délivré. Grand favori au départ des Sables-d'Olonne, le 8 novembre dernier, Jérémie Beyou a vu ses rêves de victoire s'envoler en quelques heures. Après une nuit des plus mouvementées, où il a enchaîné les avaries, le skipper Charal a été contraint de faire demi-tour à la suite d'une collision avec un ofni (objet flottant non identifié), qui a endommagé l'un de ses safrans. Déboussolé après ce coup du sort, qui a douché ses espoirs de remporter le Vendée Globe, la seule course qui manque à son palmarès, le navigateur de 44 ans a pu, grâce à ses équipes, effectuer les réparations nécessaires dans les temps. 

Reparti le 17 novembre, avec neuf jours et 2700 milles nautiques de retard sur l'avant de la flotte, il a débuté une autre course. Une course en solitaire contre lui-même. "Faire demi-tour, ça a été ultra dur. Repartir, ça n'a été simple non plus", raconte Jérémie Beyou que LCI a pu joindre à bord de son voilier. "On doit se remobiliser pour une course qui n'est plus la même, une dizaine de jours après tout le monde. Forcément, quand on visait la victoire, psychologiquement c'est très difficile. Ça n'a pas été facile tous les jours, je ne le cache pas. La descente de l'Atlantique a été particulièrement éprouvante, mais, j'y suis allé, étape par étape, cap par cap, jour après jour. Je me suis battu, j'ai essayé de me remobiliser, de trouver des challenges au quotidien."

J'ai l'impression d'avoir fait un match de boxe
Jérémie Beyou, skipper Charal

Trente-deuxième après son départ en deux temps des Sables-d'Olonne, le triple vainqueur de la Solitaire du Figaro (2005, 2011 et 2014) s'est retrouvé, malgré lui, dans l'incapacité d'exploiter le potentiel de son "bateau volant" de dernière génération. Ce n'est qu'une fois le cap de Bonne-Espérance franchi, qu'il a pu accélérer la cadence au large de l'Afrique du Sud. Dans l'Indien puis dans le Pacifique, il est allé puiser au fond de lui-même pour faire sauter, un à un, les concurrents positionnés devant lui et se replacer dans le cœur de la flotte. Le marin d'eau salée a ainsi pu montrer ce que Charal avait dans le ventre. 

Il a doublé le cap Horn en 17e position, signant au passage le meilleur temps dans les mers du Sud, qu'il a traversées en 30 jours, 14 heures et 27 minutes, soit 45 minutes de moins qu'Armel Tripon (L'Occitane en Provence). Une "petite récompense" pour Jérémie Beyou. "J'ai eu zéro temps mort, j'ai l'impression d'avoir fait un match de boxe sans aucune pause et de sortir du Sud vraiment groggy et un peu K.-O.", reconnaît le troisième du Vendée Globe 2016, "content" d'avoir pu aussi "ménager [sa] monture". "Même si ça a été ultra stressant et fatiguant, je suis content d'être revenu en course pour voir ça."

Ça va être compliqué de remonter plus de bateaux
Jérémie Beyou, skipper Charal

De quoi lui remonter le moral, qui était au plus bas il y a quelques semaines encore. "Je suis toujours en course, j'ai passé le cap Horn. Je suis hyper fier de ça, hyper fier d'avoir tenu le coup. Ça va m'apporter énormément pour l'avenir d'avoir fait de la navigation dans le Grand Sud, d'avoir psychologiquement surmonté ces difficultés", nous confie Jérémie Beyou, même s'il avoue, en bon compétiteur qu'il est, que "ce n'est pas évident de voir les leaders naviguer une semaine devant" de Charal. "J'espère qu'on va retrouver des conditions plus maniables et un peu de chaleur. Psychologiquement, ça aidera aussi."

Pointé en 14e position, à 600 milles nautiques de Romain Attanasio (Pure-Best Western), le bateau le plus proche, et à plus de 1600 du Top 10, le natif de Landivisiau peut-il grappiller encore des places dans la remontée de l'Atlantique ? "Mon objectif était de rattraper les derniers bateaux pour rentrer dans le Sud en sécurité, avec des bateaux autour de moi. Depuis, j'essaie de rester concentré, de faire mes choix seul, en fonction de ce que j'analyse et je ressens. Pour l'instant, ça fonctionne plutôt bien", nous répond-il. "Maintenant, ça va être compliqué de remonter plus de bateaux. Ça m'étonnerait que j'ai l'opportunité de revenir sur les concurrents qui sont très loin devant. Mon but est de finir avec un bateau en bon état, de rallier l'arrivée à un bon rythme et de montrer que Charal est capable d'aller vite dans les alizées. Si j'arrive à faire ça et que ça ne dure pas trop longtemps, ce sera déjà pas mal." Surtout lorsqu'on sait, comme Jérémie Beyou, que finir un Vendée Globe tient parfois à un rien. 


Yohan ROBLIN

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