Audrey Pulvar : "Il n’y pas de la culture pour tous et de la culture pour quelques uns"

Propos recueillis par Jérôme Vermelin
Publié le 14 octobre 2016 à 16h59
Audrey Pulvar : "Il n’y pas de la culture pour tous et de la culture pour quelques uns"
Source : C8

INTERVIEW – Elle lance ce samedi "Pop Up", la nouvelle émission culturelle de C8. Egalement à l’antenne de iTélé avec "Dimanche Politique", Audrey Pulvar s’est confiée à LCI sur ce projet qui lui tient à cœur mais aussi sur la rentrée difficile du groupe Canal +.

En quoi "Pop Up" est-elle différente des autres émissions culturelles ? 

"Pop Up" s’adresse au grand public, avec l’idée qu’il n’y a pas de petite et de grande culture. De la culture pour tous et de la culture pour quelques uns. On va parler de choses qui marchent, dont vous entendez parler partout, mais avec un prisme un peu original. Et on va aussi aborder des choses moins connues qu’on espère faire découvrir au public.

Les patrons de chaînes disent souvent que la culture à la télé, ça ne marche pas… 

Je l’ai déjà beaucoup entendu, oui ! Je crois qu’il y a surtout une façon de raconter les choses. Je ne prends pas le pari de révolutionner le traitement de la culture à la télé. Mais avec Capa qui produit l’émission on va essayer. Je prends toujours l’exemple de Michel Chevalet. Lorsqu’il parle de science, on ne comprend pas tout au départ, mais à la fin on se sent un peu plus intelligent. Simplement parce qu’il le fait avec passion, avec pédagogie aussi. 

Et cette passion vous l’avez ?

Je crois, oui. Du moins j’espère ! (sourire). Je pense que de grandes émissions comme "Apostrophes" ou "Bouillon de culture" ont marché en leur temps parce qu’elles avaient une manière différente et engagée de parler de la culture. 

Comme Léa Salamé, vous cumulez culture et politique en cette rentrée…

Avec "Dimanche Politique" sur iTélé, oui. Je suis aux anges : on est dans une année politique très riche avec la présidentielle, et j’ai en même temps la possibilité d’aborder une matière que j’aborde, la culture, sur le terrain, en faisant du reportage avec les équipes de Capa. Que demander de plus ?

La décision de vous garder ou pas tombent souvent quand vous n’avez pas grand-chose à y voir
Audrey Pulvar

La vie du groupe Canal + est plutôt mouvementée ces derniers temps. Beaucoup d’animateurs sont partis… et pas vous ?

Dans ma vie professionnelle, il m’est déjà arrivé de faire partie d’un groupe de médias qui change d’actionnaire, et où on se questionne sur la ligne éditoriale. La décision de vous garder ou pas tombent souvent quand vous n’avez pas grand-chose à y voir. Vous faites du bon travail et on vous vire. Vous faites du mauvais travail et être gardé… Elle appartient rarement à celui qui en est la principale victime. La seule solution, c’est de travailler avec autant de sincérité et d’entrain que d’habitude. 

Quel est le monde le plus impitoyable ? La télé ou la politique ?

Les deux mon Général ! La politique c’est devenu un métier de chiens, où la mute s’entredévore. Dans les grands groupes de communication, c’est très dur aussi. Le métier de journaliste s’est paupérisé, dévalué. Je fais partie des "old school" qui ont envie de le défendre, dans une époque où chacun reçoit une avalanche d’informations sur son téléphone. Le rôle du journaliste, son indépendance d’esprit, est encore plus important. Ce n’est pas même pas négociable. Or c’est difficile de résister aux pressions lorsqu’on est un jeune journaliste en situation précaire. 

>> L'AFFAIRE MORANDINI

Cette interview a été réalisée avant le conflit qui oppose la rédaction de iTELE à sa direction au sujet de l'arrivée prochaine de Jean-Marc Morandini. Dans Le Figaro, Audrey Pulvar estime que le projet de refonte de la chaîne, qui va s’appeler CNews, "va au-delà de la personnalité" de l’animateur controversé. "La direction de la chaîne a mesuré sa décision et les raisons pour lesquelles elle décide de l’intégrer à la grille. Jusqu’à preuve du contraire, Jean-Marc Morandini est innocent. C’est à la justice de démontrer son innocence ou sa culpabilité."


Propos recueillis par Jérôme Vermelin

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