Et si l'esclavage était toujours légal ? La future série de HBO suscite la polémique aux Etats-Unis

Publié le 2 août 2017 à 17h13
Et si l'esclavage était toujours légal ? La future série de HBO suscite la polémique aux Etats-Unis

DEVOIR DE MÉMOIRE- Le nouveau projet de série de HBO, mené par les showrunners de "Game of Thrones", suscite une importante polémique sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours. Le synopsis de la série imagine un monde où la guerre de Sécession aurait été gagnée par le Sud esclavagiste et où les suprématistes blancs seraient à la tête des USA. Pourtant, loin de réécrire l’Histoire, cette série pourrait aussi servir de miroir pour dénoncer une forme d’esclavagisme et de ségrégation qui perdurent.

Ils s’appellent David Benioff et Daniel Brett Weiss et sont les génies de la télé qui opèrent dans l’ombre depuis plusieurs années. Leur principal succès se décline en trois mots, Game of Thrones, l’adaptation des romans de George RR Martin et réunit à chaque diffusion d’épisode plusieurs millions de spectateurs devant leur télévision et encore davantage devant leur ordinateur.

Pourtant, leur prochain projet de série, The Confederate, est loin de faire l’unanimité. Le pitch de cette fiction dépeint en effet une Amérique moderne où la guerre de Sécession a été gagnée 150 ans auparavant non pas par l’Union, mais par les confédérés esclavagistes du sud. Cette uchronie situerait donc l’action dans une Amérique contemporaine, où les suprématistes blancs feraient la loi.

Une réécriture de l’Histoire, à la manière de la série The Man in the High Castle, adaptée du roman de Philipp K. Dick, où cette fois, ce sont les Nazis qui ont gagné la Seconde guerre mondiale et qui ont envahi les Etats-Unis.

Sauf que ce nouveau projet de série ne passe pas auprès de milliers d’internautes, qui y voient une manière d’illustrer des fantasmes racistes, une manière de faire de l'argent sur un sujet extrêmement douloureux ou en encore un énième récit sur la souffrance de personnes noires générée par des blancs.

Le recyclage du traumatisme noir est une histoire de business et l'un des passe-temps favoris de l'Amérique. C'est pour ça que "Confederate" a le soutien de HBO.

Des hommes blancs qui prennent la perpétuation de l'esclavage des noirs pour du divertissement : l'un des moments les plus racistes dans l'histoire des média.

La polémique a enflé, appelant HBO à ne pas ouvrir la boîte de Pandore en produisant cette série. Les représentants de la chaîne câblée ont d’ailleurs pris la parole pour défendre les deux showrunners et tenter d’éteindre le feu.

Si je pouvais recommencer, je dirais que notre erreur -celle d'HBO, pas celle des producteurs- a été de penser que nous pouvions annoncer un projet aussi sensible qui requiert autant de précaution via un communiqué de presse
Porte-parole de HBO

Les porte-paroles de HBO, qui se sont défendus de vouloir faire une version moderne d'Autant en emporte le vent, ont aussi sous-entendu que la série ferait un parallèle avec l’actualité et les problématiques de ségrégation raciale bien actuelles.

Deux fois plus d'esclaves aujourd'hui que pendant 350 d'esclavage

Cette vague d'indignation rappelle à quel point l'esclavage est un sujet sensible. Si, pour beaucoup de gens, la question a été réglée au XIXe siècle avec l'abolition officielle dans la plupart des pays démocratiques, les problématiques de racisme et de ségrégation actuelles en découlent pourtant directement.

Cette polémique tombe d'ailleurs en même temps que la parution d'une étude d'un économiste britannique sur la perpétuation de l'esclavage aujourd'hui. Selon Siddarth Kara, qui a enquêté pendant une quinzaine d'années dans 51 pays différents, il y aurait deux fois plus d'esclaves aujourd'hui que pendant les 350 ans d'esclavage "officiel", du XVIe au XIXe siècle.

L'économiste affirme dans un livre qui s'apprête à sortir, Modern Slavery, que le trafic d'êtres humains est devenu le troisième marché illicite le plus rentable après les armes et la drogue. L'auteur estime que ce trafic rapporte 150 milliards de dollars à ses exploitants chaque année. 

Même si les chiffres qu'il exprime sont en valeur absolue, il y aurait aujourd'hui 21 millions d'esclaves (sur 7 milliards d'humains) contre 13 millions qui ont transité pendant 350 ans (sur une populatin mondiale beaucoup plus réduite).


La rédaction de TF1info

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