Grandmaster Flash : "Pour 'The Get Down', j’ai raconté à Baz Lurhman tous mes secrets"

Publié le 12 août 2016 à 11h37
Grandmaster Flash : "Pour 'The Get Down', j’ai raconté à Baz Lurhman tous mes secrets"

INTERVIEW - Grandmaster Flash est l’un des pères fondateurs du hip-hop. Un style qu’il a fait découvrir au monde dès 1982 avec son hit "The Message". Le DJ a accepté de livrer au réalisateur australien Baz Lurhman ("Moulin Rouge!", "Gatsby le Magnifique"…) les secrets de sa jeunesse dans le quartier du Bronx à New York à la fin des années 70 pour créer "The Get Down", la toute nouvelle série musicale de Netflix. Metronews a rencontré le pionnier du rap lors d’un passage éclair à Paris.

Baz Lurhman, vous a choisi en tant que consultant et producteur associé pour cette série consacrée aux origines du mouvement hip-hop. En quoi consistait votre rôle ?
Baz m’a demandé des conseils sur chaque aspect de la série. Je lui ai raconté tous mes secrets : comment nous vivions, comment nous dansions, comment nous buvions, comment nous nous habillons à l’époque. Je lui ai même passé des disques pour qu’il ait bien l’ambiance en tête en choisissant les acteurs et pendant le tournage. J’ai vu la plupart de ses films et pour moi, Baz est un génie. Gatsby le Magnifique est un de mes films préférés. Vous savez, il ne choisit que des projets spéciaux dont souvent personne d’autre ne veut ! Quand il est venu me voir la première fois, il m’a dit : "Je veux faire une série musicale qui se concentrerait sur les années 77-79 dans le Bronx". Dès les premiers instants, j’ai été très clair : si nous faisions cette série, il faudrait qu’elle soit le plus proche possible de ce que j’ai vécu. Et il était totalement d’accord.

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez découvert l’acteur Mamoudou Athie dans votre rôle ?
Quand je l’ai rencontré, j’étais très surpris de découvrir à quel point il me ressemble. Ça m’a pris trois mois pour lui apprendre à mixer. C’est un gamin super intelligent et très humble.

À l’époque, aviez-vous conscience de poser les bases d’un mouvement qui allait révolutionner la musique ?
Non, je vivais le moment ! Mais quand ce qui existe autour de vous ne vous convient pas, il faut tenter de nouvelles choses. J’ai inventé cette technique avec des platines qui consiste à imposer les mains sur le vinyle. Ça a donné naissance à ce qu’on appelle le « turntablism" (l’art de manipuler les sons, NDR), puis au rap. Mais à l’époque j’essayais juste de créer quelque chose que j’entendais dans ma tête.

À la même période d’autres mouvements comme le disco ou le punk naissait à New York. Ces musiques vous inspiraient-elles ?
Soyons clairs : The Get Down n’est pas qu’une série sur moi ou sur le hip-hop mais sur la vie dans les années 70. Elle parle des Noirs, des Latinos, du disco, de la pop, du rock, de l’amour, de la douleur… Et il ne faudrait pas réduire le hip-hop à quelqu’un en train de parler sur un beat ! Le premier disque de hip-hop est sorti en 1979 mais musicalement ce mouvement avait démarré 10 ans auparavant ! Nous les DJ, nous jouions des disques de rock, jazz, blues, funk, disco… pour trouver des breaks et réunir tous le monde sur le dancefloor. On était tous très compétitifs. DJ Kool Herc était "Le Parrain", Afrika Bambaataa était "Le Roi des Disques" et moi, j’étais "Le Technicien". C’était à celui qui aurait le beat le plus méchant. Il fallait être à la page des autres musiques, sinon vous étiez mort !

À l’instar du film NWA: Straight Outta Compton sorti l’année dernière, une fusillade éclate dès les premiers épisodes de The Get Down. C’est impossible de montrer le hip-hop à l’écran sans passer par les clichés du gangsta rap ?
Mais à l’époque, il y avait des fusillades tout le temps ! Cette musique rassemblait énormément de gens. Bons et mauvais. Certains des gangsters que je connaissais à l’époque venaient au parc et payaient des jus de fruits et des chips à tout le monde. Là où j’ai grandi, les voyous nous protégeaient des ennuis et la plupart d’entre eux étaient des mecs adorables. Mais on savait qu’ils pouvaient être très méchants si on les contrariait.

Pensez-vous qu’un mouvement comparable à celui du hip-hop puisse naitre à New York aujourd’hui ?
C’est une bonne question... Je n’en sais rien. Avec cette série je voulais montrer les choses comme elles étaient. On connait tous la réalité dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Faites votre choix. Bien sûr, South Bronx, le quartier où j’ai grandi a énormément changé en plus de 40 ans. Mais c’est sûrement vrai pour Paris aussi. Nous n’avons aucun contrôle sur le temps qui passe.

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>> The Get Down, de Baz Lurhmann. Disponible sur Netflix à partir du 12 août
 


La rédaction de TF1info

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