Les Guignols de l'Info et Kev Adams vivent-ils dans le même monde ?

Publié le 2 juillet 2015 à 18h28

DEBAT - Son humour "djeun's" est à des années-lumière de l'irrévérence des "Guignols de l'info". A l'occasion de la sortie des "Profs 2", "metronews" a interrogé le biographe de Kev Adams, symbole d'une génération de comiques qui ne semblent pas (ou plus) vouloir titiller les politiques.

Au moment où les Guignols de l'info de Canal + sont menacés de disparition, mal-aimés par le grand patron de Vivendi, le bondissant Kev Adams cartonne au cinéma avec Les Profs 2, applaudis par plus de 300 000 spectateurs mercredi. Deux types d'humour presque à l'opposé, dans le ton comme dans les marottes. Si les célèbre marionnettes épinglent depuis toujours ceux qui nous gouvernent, "l'ado" le plus populaire de France s'en garde bien.

"Il a commencé à 16-17 ans, en s'adressant aux public des 9-14 ans qui en règle générale ne s'intéressent pas à la politique", souligne René Chiche, auteur de la première biographie de l'enfant prodige*. Aujourd'hui, même s'il a grandi, son humour est basé sur la description de l'univers des ados, de leurs rapports avec les parents. Ce n'est pas un humour virulent, même s'il n'hésite pas à mettre en boite le corps enseignant dans Les Profs."

Où sont les héritiers de Coluche et Desproges ?

Une question de génération ? Pas certain. "Sa référence ultime, c'est Gad Elmaleh. Qui lui-même ne s'aventure jamais sur le terrain de la politique", observe René Chiche. Il n'est pas le seul. Les plus grandes stars de l'humour du moment – que ce soit Florence Foresti ou Franck Dubosc – n'abordent jamais le sujet. Et ils ont tous dépassé la quarantaine... De là à dire que depuis Coluche, les comiques tricolores ont le petit doigt sur la couture du pantalon dès qu'ils aperçoivent un secrétaire d'Etat...

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En 2015, les rares héritiers de Pierre Desproges, Guy Bedos et Thierry Le Luron se nomment Stéphane Guillon et Gaspard Proust. Le premier a été remercié par France Inter, à l'été 2010, un peu plus d'un an après une pique mal vécue par un DSK qui se rêvait encore un destin présidentiel. Le second l'a remplacé sur le plateau de "Salut les terriens !", le talk show hebdomadaire de Thierry Ardisson. Où ses dérapage contrôlés sont enregistrés à l'avance...

Des stars prudentes à l'heure des réseaux sociaux

Les humoristes actuels auraient-ils peur de cliver en tapant sur la gauche et/ou la droite ? "La seule fois où Kev Adams s'est exprimé sur un sujet d'actualité, il a reçu un tombereau d'insultes sur Twitter", remarque René Chiche, évoquant sa prise de position contre les amalgames dont sont victimes les musulmans de France, sur le plateau d'"On n'est pas couché", en novembre dernier. "Le djihadisme n'est pas un problème. Le problème, c'est Marine Le Pen." Ce n'est pas 2 neurones qu'il a mais zéro !", écrira un sympathique Twittos...

Depuis, Kev Adams se contente du discours promo. Plus lisse. Mais plus sûr. "Il fait clairement partie d'une génération qui a compris la puissance des réseaux sociaux", souligne l'auteur, rappelant que le jeune comédien compte plus de 2,8 millions de followers. "Et combien une polémique peut rapidement la brouiller". Le genre de considération qui n'a jamais effleuré la marionnette du sympathique PPD...

*Kev Adams, les secrets d'une LOLstar de René Chiche (Editions du Moment)


Jérôme VERMELIN

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