"L'Humour à mort", le documentaire de référence sur "Charlie Hebdo", arrive sur Netflix

par Jennifer LESIEUR
Publié le 7 janvier 2016 à 11h25

TEMOIGNAGE – Jeudi 7 janvier, Netflix a intégré "L'humour à mort" sur sa plateforme de diffusion. Le documentaire de Daniel et Emmanuel Leconte, sorti dans un petit nombre de salles de cinéma le 16 décembre dernier, est le plus complet sur les attentats qui ont frappé "Charlie Hebdo" le 7 janvier 2015. Voici trois bonnes raisons de le voir.

Pour le résumé exhaustif de ce qui est arrivé, et pourquoi
Le film s'ouvre par la manifestation géante du 11 janvier 2015 : des milliers de personnes massées place de la République, brandissant des pancartes, des crayons. Du jamais-vu depuis la Libération. Ce qui s'est passé quatre jours plus tôt hante encore les mémoires. L'humour à mort retrace la chronologie des événements avec des images d'archive et des entretiens filmés après les attentats. Chaque dessinateur a droit à son aparté, mais tout commence avec Cabu, qui revient avec candeur sur la première fois qu'il a caricaturé Mahomet. Et sur la deuxième, et la troisième... Sans vouloir blesser personne, et sans se douter de ce qui allait arriver quelques années après.

Pour le bouleversant témoignage de Coco
La dessinatrice Coco raconte dans le détail cette matinée où elle est descendue fumer une cigarette en bas de Charlie Hebdo. Comment deux hommes l'ont appelée par son nom ("ils devaient avoir un trombinoscope"), et menacée de leur arme pour qu'elle tape le code de l'immeuble et de la porte qui mènent à la rédaction. La voix tremble, les larmes jaillissent : Coco, bouleversée, n'oubliera jamais. De petits malins l'ont accusée ensuite de ne pas avoir refusé d'ouvrir la porte, de ne pas s'être sacrifiée pour les autres. Alors que n'importe qui aurait fait comme elle avec une Kalachnikov pointée sur la tête, comme l'assène avec raison Eric Portheault, cogérant du journal. Ce dernier et Riss témoignent avec dignité tout au long du film, alors que Philippe Val cabotine un peu trop.

Pour les images d'archives, la plupart inédites
Sur des films amateur, les belles années de Charlie Hebdo montrent une jolie bande de potaches. Charb, Cabu, Tignous et les autres semblent s'être connus dans le car d'une colonie de vacances, et n'en être jamais sortis. Ils chantent, trinquent, se chambrent les uns les autres comme des gamins. Cet esprit irrévérencieux se retrouvait dans les pages d'un journal fabriqué dans la joie. Puis on voit pour la première fois les coulisses du numéro "d'après". Rapatriés dans les locaux de Libération, les journalistes et dessinateurs de Charlie bâtissent dans la rage et la douleur ce Charlie tiré à plus d'un million d'exemplaires. Luz accouche de sa célèbre Une, "Tout est pardonné", effondré. Le plus terrible, dans ce documentaire qui fera désormais référence, est le sentiment persistant que le plus dur est à venir pour ces survivants.

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Jennifer LESIEUR

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