Pourquoi "The Leftovers" nous prend la tête avec classe

Publié le 11 août 2014 à 17h21
Pourquoi "The Leftovers" nous prend la tête avec classe

COUP DE FOUDRE – Série inclassable, entre drame et fantastique, "The Leftovers" déploie toute sa splendeur depuis le début de l'été. Comme à l'époque de "Lost", ou avant de "Twin Peaks", le téléspectateur n'est pas prêt d'en percer tous les mystères... et c'est tant mieux.

Du sang, des larmes et des questions sans réponses... Voilà comment on pourrait être tenté de résumer The Leftovers, superbe série lancée au début de l'été par HBO, et diffusée en France sur OCS City. De la part de la chaîne qui a révolutionné la fiction télé, de Six Feet Under à Game of Thrones, en passant par Girls et Les Soprano, rien n'est surprenant. Mais avec cette adaptation du roman de l'écrivain Tom Perrotta, tout semble permis, ou presque. Y compris de générer de la frustration chez le téléspectateur.

Petit rappel des faits : The Leftovers raconte le quotidien des habitants de la petite ville de Mapleton, dans l'Etat de New York, trois ans après la disparition de 2% de la population mondiale. Ici, ni virus rampant, ni invasions d'aliens. Les gens se sont évaporés, envolés, éclipsés le temps d'un battement de paupière, à l'image de ce bébé qui pleure à l'arrière d'une voiture, au début du premier épisode. Pourquoi ? Comment ? Pour toujours ? Au bout de six épisodes – il y en a 10 au total dans cette première saison – difficile d'y voir clair. Comme à l'époque de Lost, ou de Twin Peaks, son illustre grande sœur.

C'est fort, radical. Dérangeant

Avouons-le : la première qualité de la série réside dans cette merveilleuse incertitude. Et une manière audacieuse d'en appeler à l'imagination de chacun. D'un point de vue narratif, l'intrigue est centrée autour de Kevin Garvey, le chef de la police (l'excellent Justin Theroux), et sa confrontation avec la secte silencieuse qui suscite la haine des habitants, les scénaristes donnent leur temps à chaque personnage de vivre, de respirer. De se tromper. Quitte à leur consacrer un épisode entier, pour mieux les comprendre comme l'ombrageux révérend Jamison, ou la mystérieuse Nora, chargée par l'administration de recueillir le témoignage des familles des disparus.

The Leftovers a également l'intelligence d'interroger son public. Et de le placer face à ses propres contradictions. Au début de l'épisode 5, un personnage se montre coupable d'une incivilité, agaçante mais somme toute banale. Devant son petit écran, difficile de ne pas serrer les poings. Quelques instants plus tard, l'individu en question sera brutalement assassiné... et le téléspectateur de ressentir un mélange de honte et de colère. C'est fort, radical. Dérangeant. Passé le frisson initial, on se demande quelle fiction nous a fait ressentir un truc pareil ces derniers mois. Et on a envie de répondre aucune autre.

The Leftovers, saison 1. Sur HBO le dimanche aux Etats-Unis, sur OCS City à J+1 chaque lundi à 20h45.


Jérôme VERMELIN

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