Qui est Julius Hallervorden, le sinistre neurologue du documentaire "T4, un médecin sous le nazisme" ?

par Jennifer LESIEUR
Publié le 29 février 2016 à 11h23
Qui est Julius Hallervorden, le sinistre neurologue du documentaire "T4, un médecin sous le nazisme" ?

DOCUMENTAIRE – Avant l'Holocauste, les nazis avaient mis en œuvre une politique d'extermination des handicapés en Allemagne. "T4, un médecin sous le nazisme" raconte cette organisation et la complaisance coupable du docteur Hallervorden. Trop heureux de pouvoir récupérer les cerveaux des victimes pour ses propres recherches, il a allègrement piétiné le serment d'Hippocrate.

On croyait avoir tout entendu sur la barbarie nazie. Le documentaire T4, un médecin sous le nazisme de Catherine Bernstein en dévoile un pan méconnu, et monstrueux. Avant d'exterminer les juifs, Hitler a ordonné qu'on se débarrasse des handicapés physiques et mentaux, enfants comme adultes : c'est l'opération T4. Considérés comme des "vies inutiles", ils coûtaient trop cher à l'Etat et entravaient la politique eugéniste du IIIe Reich.

L'une des premières chambres à gaz a été construite dans un hôpital psychiatrique

Un médecin allemand, Julius Hallervorden, a profité de l'organisation macabre qui s'est mis en place entre de grands instituts psychiatriques et des médecins haut placés comme les docteurs Heinze et Brandt. Pour la première fois de l'histoire, des médecins organisaient l'assassinat de leurs propres patients. L'institut de Brandeburg construit une première chambre à gaz et un four crématoire ; un autre recueille les cerveaux des victimes. Neurologue, Hallervorden en récupérera plus de 5 000 pour ses recherches sur les pathologies mentales. Il n'aura pas le temps de tous les analyser et ne fera aucune découverte majeure.

Le centre de Brandeburg ferme en 1940. L'année d'après, Hitler ordonne l'arrêt de l'opération T4, sans explication ; il semble que l'opinion publique ait commencé à s'émouvoir de ces disparitions massives, sans se douter de l'existence de camps de concentration. En réalité, les meurtres dans les hôpitaux psychiatriques ne s'arrêteront qu'à la fin de la guerre. 70 273 personnes extrêmement vulnérables ont ainsi été assassinés. Handicapés ne veut pas dire inconscients : l'immense majorité des condamnés savait ce qui les attendait. 

Ce documentaire, récompensé par le prix du public au Festival de Luchon, utilise une narration particulière : la voix off s'adresse directement au Dr Hallervorden. En lui donnant du "vous", elle semble accuser de manière posthume ce médecin criminel mort en 1969, couvert d'honneurs, sans jamais avoir été inquiété par la justice.

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Jennifer LESIEUR

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