Rencontre avec Florent Emilio-Siri, réalisateur de "Marseille" : "Ce qui compte pour moi, c’est l’avis des spectateurs"

Publié le 5 mai 2016 à 14h59

INTERVIEW - Florent Emilio-Siri débarque dans le monde de la série avec "Marseille", disponible depuis ce jeudi 5 mai sur Netflix. Le réalisateur nous a parlé de sa vision des séries, son amour pour les acteurs et est revenu sur les critiques négatives... Entretien.

Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?
C’est Pascal Breton, le producteur, qui m’a appelé pour me parler de cette série, dont le premier épisode était écrit. Puis j’ai rencontré Netflix. Eux ont cette politique dans les séries, de ramener des réalisateurs de cinéma, ce qu’ils ont notamment fait avec David Fincher (sur House of Cards). Un réalisateur qui supervise l’ensemble, comme un showrunner. Mais au départ, je n'avais pas très envie de faire de la série TV.

Pourquoi ?
Parce qu’il n’y avait pas de projet qui me plaisait véritablement, et quand on fait du cinéma, on est obsédé par ce qu’on est en train de faire, ça prend du temps le cinéma. Mais là, pour Marseille, il y avait quelque chose d’assez fantastique : ils m’ont demandé de faire un long-métrage de six heures, et m’ont donné la liberté de choisir les acteurs, les équipes, les décors, et de ramener mon univers à la télévision. J’ai donc tout de suite pensé à Gérard Depardieu.

Ce choix était une évidence ?
C’est simple, si je n’avais pas pu avoir Gérard Depardieu et Benoît Magimel pour jouer les rôles principaux, je n’aurais pas accepté de participer à ce projet. Parce que j’adore Gérard, c’est le plus grand acteur français vivant et c’est un rêve de gosse de travailler avec lui. Et Benoît, c’est le plus grand acteur de sa génération et j’adore son travail. On n'avait jamais vu ces deux-là ensemble au cinéma, c’était donc l’occasion idéale.

Quelle a été votre approche pour cette série ?
Ce qui est génial avec les séries TV, parce que j’aime les séries, c’est qu’elles renouent avec le cinéma des années 70 où les personnages et les arcs dramatiques étaient importants. Alors qu’aujourd’hui, on sacrifie tout sur l’autel du rythme et on perd un peu les personnages. Avec la série, depuis les Sopranos, on renoue avec eux. Et là, ça m’intéressait de travailler sur des parcours de personnages sur la longueur. Ce que j’ai essayé de faire, c’est de ramener un langage visuel dans cette série, raconter une histoire avec les images.

Vous mentionnez beaucoup l’aspect visuel de l’œuvre, pourquoi le mettre en avant, plus que l’histoire en elle-même ?
Parce que le cinéma et la télévision par essence, sont des arts visuels et je fais partie de ces réalisateurs qui pensent qu’on raconte des histoires avec une caméra et j’essaye au maximum de le faire. C’est vrai qu’à la télévision, on raconte beaucoup par le dialogue, et justement, j’ai trouvé ça intéressant d’équilibrer les deux. Dans Marseille, il y a notamment beaucoup de dialogues politiques et ces joutes verbales étaient intéressantes à filmer, comme dans un thriller ou comme dans un western.

On a beaucoup parlé d’un House of Cards à la française, mais ce n’est pas du tout le cas…
Cette comparaison est arrivée parce qu’il y a quelques points communs entre les deux séries : la politique, un grand acteur de cinéma qui ‘drive’ la série, un metteur en scène de cinéma… Mais c’est avant tout un drame familial, psychologique, un thriller politique.

Pourquoi cette ville de Marseille ?
Je la connais depuis longtemps, dans les années 90, j’ai fait beaucoup de clips pour IAM, c’est une ville que j’aime beaucoup et je pense que c’est la ville française la plus cinégénique. Parce que tu as les quartiers au centre de la ville, certains très riches, d’autres très pauvres, le côté industriel et maintenant un nouveau Marseille, avec notamment les terrasses du port et tous les docks qui ont été réaménagés. Donc c’est intéressant de filmer là-bas, car le cadre se rempli obligatoirement d’un décor. Et je voulais faire de Marseille LE personnage central. De la faire comme une femme, pour laquelle tout le monde se déchire. Cette ville est toujours là, elle ressent les émotions et se reconstruit. Malgré les drames humains qui se jouent.

Avez-vous lu les critiques et quelle a été votre réaction ?
Je ne lis jamais les critiques parce que c’est souvent très subjectif. Moi j’aime la critique comme Bazin la faisait : avec de la pertinence. On m’a fait lire une critique très négative, que j’ai trouvée très à charge, mais bon… C’est l’avis d’une personne. Ça ne me dérange pas du tout, je n’y prête pas attention. Je pense qu’il y a surtout ce phénomène du grand méchant loup Netflix, peut être le fait qu’il va y avoir une diffusion sur TF1. Disons que c’est plus facile d’écrire une critique négative plutôt que d’être pertinent. Ce qui compte pour moi, c’est l’avis des spectateurs.   

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La rédaction de TF1info

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