TENNIS – En deux mois, de Wimbledon à l'US Open, Novak Djokovic s'est réaffirmé comme le patron du circuit. La fin de deux ans de galères, qui a trouvé sa source en France.
Les voies du sport, et du tennis en particulier, sont impénétrables. Il y a deux ans, Novak Djokovic régnait en maître sur le tennis mondial. Et puis patatras, plus rien. Enfin si, des blessures, et des défaites, nombreuses, et humiliantes pour un ex-n°1 mondial tel quel lui. Lors de l’édition 2017 de Roland-Garros, le Serbe tentait cette explication : "J’ai réalisé que je me basais trop sur le tennis et ses succès comme une source de joie et de paix intérieure. Or, quand on perd, ce n’est pas la fin du monde. Bien sûr que je veux toujours gagner des titres. Mais je veux aussi équilibrer ça. Dans le sens d’une stabilité émotionnelle."
Le joueur a retrouvé son tennis il y a trois mois, enchaînant une finale au Queen’s, puis surtout des victoires à Wimbledon, Cincinnati et l’US Open. Soit deux tournois du Grand Chelem et un Masters 1000, excusez du peu. Le grand public a un temps pensé que la fin de sa collaboration avec André Agassi, qui a précédé de peu cette succession de succès, se trouvait à l’origine de la renaissance. Mais en fait non, pas du tout. La réalité de ce déclic est plus bucolique.
"J'ai pris conscience de beaucoup de choses après Roland-Garros. J'étais vraiment très, très, très déçu de ma performance ce jour-là (ndlr : élimination en quart de finale le 5 juin dernier). J'ai dû me déconnecter. Je suis allé randonner dans les montagnes françaises avec ma femme. On s'est un peu isolés, pour prendre une perspective différente. Depuis, mon tennis est complètement différent", a raconté "Nole" lors de la conférence de presse consécutive à sa finale remportée à Flushing Meadows en trois sets (6-3, 7-6 (7/4), 6-3) face au n°3 mondial Juan Martin Del Potro dans la nuit de dimanche à lundi.
"Je me souviens d'un moment en particulier, quand on a atteint le sommet, a-t-il poursuivi. C'était assez élevé, ça nous a pris environ trois heures. On s'est assis et on a regardé le monde depuis cette perspective. L'inspiration nous est venue à chaque respiration, en quelque sorte, une nouvelle motivation. J'ai pensé au tennis, aux émotions que le tennis me procure. C'était complètement positif. Ça m'a donné un nouvel élan. J'ai eu l'impression que cet épisode m'a donné un regain d'énergie, sur lequel j'ai surfé pour la suite. Les résultats parlent d'eux-mêmes..."
Le nom de cette montagne ? Le "Mont Victoire, qui a inspiré beaucoup de peintres de la Renaissance", a maladroitement répondu Novak Djokovic, pour parler du massif provençal de Sainte-Victoire (un site classé Natura 2000), source d’inspiration de Renoir, Cézanne, Picasso ou Kandinsky, des peintres dits modernes ayant exercé leur art plusieurs siècles après l’émergence du mouvement de la Renaissance. A son point le plus haut, la Montagne Sainte-Victoire culmine à 1011 mètres, précisément au pic des Mouches. Mais l'histoire ne dit pas si le Serbe a gravi ce pic-là ou un autre.
L’essentiel est ailleurs : le tennisman s’y est retrouvé. À 31 ans. Le voici désormais 3e au classement ATP, talonnant même l'Espagnol Rafael Nadal et le Suisse Roger Federer, respectivement 1er et 2e. En attendant mieux ? "Je pense que l'on va retourner en ‘rando' très rapidement", a-t-il rigolé. Avant de lancer cette invitation : "Je vous recommande chaudement d'en faire l'ascension. De grandes choses vont vous arriver dans votre vie, je pense !" Il ne plaisantait sans doute qu’à moitié.