ENQUETE - Mickaël et Samira Coviaux, les parents du petit Yanis, 4 ans, tué dans l'attentat de Nice, ont récemment appris que les organes de leur fils avaient été prélevés sans leur autorisation avant que l'enfant ne soit inhumé. Ils ont décidé aujourd'hui d'assigner l'Etat en justice.
Yanis fait partie des 87 personnes décédées dans l'attentat survenu le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais à Nice (Alpes-Maritimes). Ça n'est que très récemment, soit plus de deux ans et demi après le drame, que les parents du garçon de 4 ans ont appris que des organes de leur enfant – une dizaine - ont été prélevés lors de l’autopsie et qu'ils étaient conservés depuis à l’Institut médico-légal (IML) de l'hôpital Pasteur à Nice.
Jamais personne n'avait fait part de ce prélèvement aux parents du défunt. Face à cette horrible nouvelle, qui s'ajoute à un deuil difficile, Mickaël et Samira Coviaux ont décidé d'assigner l'Etat en justice face à ce que le couple qualifie de "profanation". "Nous allons assigner l'État pour faute lourde devant le tribunal administratif", prévient l'avocat du couple, Me Yassine Bouzrou.
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"On a tué mon enfant une deuxième fois"
Effondrés après cette terrible nouvelle, les parents de Yanis éprouvent aujourd'hui à la fois de la tristesse et beaucoup de colère. "On a tué mon enfant une deuxième fois", a déclaré Samira Coviaux à nos confrères de France Maghreb, qui ont révélé l'information. Elle ajoute : "Yanis a été autopsié et dépouillé de ses organes, parmi lesquels le pancréas, le foie et une partie de ses poumons ".
La jeune maman a été alertée en début de semaine par les parents d’une petite fille, elle aussi fauchée par le camion-bélier de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, et qui ont récemment découvert que les organes de leur enfant avaient été conservés par l’hôpital Pasteur. "L'article 1 de la Constitution a été violé car nous n'avons pas pu enterrer notre enfant conformément à nos convictions religieuses", insiste Samira Coviaux.
Le jeune couple avait déjà déposé une plainte contre l’Etat en 2017, mettant en cause le dispositif de sécurité qu’ils considèrent comme non-adapté, le soir du 14 juillet 2016.
Contacté par Nice-Matin, le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, a indiqué que les organes de l’enfant "ont été conservés afin de se prémunir d’une action en justice sur les soins prodigués par le personnel hospitalier". L’avocat du couple endeuillé serait parvenu à obtenir une restitution prochaine des derniers restes de Yanis.