Attentat de Strasbourg : "S’il avait parlé de ce projet-là, je l’aurais dénoncé à police", affirme le père de Cherif Chekatt

par Hamza HIZZIR
Publié le 15 décembre 2018 à 22h49, mis à jour le 16 décembre 2018 à 0h09

Source : Sujet TF1 Info

RÉACTION - Sortis ce samedi de garde à vue, les parents de Cherif Chekatt, auteur présumé de l’attentat de Strasbourg, se sont exprimés ce dimanche soir sur France 2. Son père admet notamment qu’il savait que son fils était un sympathisant de Daech.

La barbe est rousse, épaisse. Le regard est encore plus fuyant que le verbe. Abdelkrim Chekatt a perdu son fils, abattu jeudi par la police dans son quartier d’enfance du Neudorf, à Strasbourg, après 48 heures de traque. Son fils, Cherif Chekatt, est l’auteur présumé de l’attentat qui a fait quatre morts et douze blessés mardi sur le marché de Noël de la capitale alsacienne. 

C’est donc un homme meurtri à plus d’un titre qui s’est exprimé, à sa sortie de garde à vue, samedi au micro de France 2, qui a diffusé l’entretien ce dimanche dans son JT de 20h.

Je serais allé vers lui et je lui aurais dit : ‘Cherif, ne tire pas, je suis ton père.’ Je l’aurais persuadé de se rendre.
Abdelkrim Chekatt

"Je n’étais pas sûr que c’était mon fils (qui avait commis l'attentat). J’avais des doutes. Alors je suis allé au commissariat de police (mardi) pour me rendre et dire aux policiers : ‘Si jamais vous avez localisé Cherif, vous me le dites, j’irai vers lui et j’essaierai de le raisonner pour qu’il se rende.’ Je serais allé vers lui et je lui aurais dit : ‘Cherif, ne tire pas, je suis ton père.’ Je l’aurais persuadé de se rendre", a-t-il affirmé. Avant de se faire plus économe en mots quand les questions se sont enchaînées.

A-t-il été en contact avec son fils pendant sa cavale ? "Non. J’ai essayé (de le joindre), il était sur messagerie." À quand remonte son dernier contact avec son fils ? "Je l’ai vu trois jours avant les faits." Avait-il alors parlé de son projet ? « Non, a-t-il ici plus fermement répondu. S’il avait parlé de ce projet-là, moi, je l’aurais dénoncé à police, comme ça il ne tue personne, et il ne se fait pas tuer."

Mon fils disait que Daech combat pour une juste cause et tout ça...
Abdelkrim Chekatt

Ce chauffeur-livreur retraité, Franco-Algérien né en 1947, est, selon France 2, lui-même fiché S pour fondamentalisme religieux. Dans cet entretien, il a admis, face caméra, qu’il était au courant que son fils soutenait les thèses de Daech. "Il disait par exemple que Daech combat pour une juste cause et tout ça... Je lui répondais : ‘Laisse tomber, n’écoute pas ce qu’ils disent. Tu ne vois pas les atrocités qu’ils commettent ? Décapitation, gens brûlés vifs…’ Et lui disait : ‘C’est pas vrai, c’est pas eux, c’est d’autres qui commettent ça.’ Il disait qu’ils ne sont pas des assassins."

La question lui a ensuite directement été posée : son fils adhérait-il aux idées de Daech ? Là, la tête du père s’est baissée et ses yeux se sont mis à fixer le sol : "Oui... Alors que moi je lui répétais que ce sont des criminels." Puis son ex-femme, Rouadja Rouag, mère de Cherif Chekatt, a pris la parole à son tour : "J’étais choquée, j’allais mourir. Je n’étais pas seulement choquée pour mon fils, mais aussi pour les gens qui sont morts, pour les blessés, pour tout le monde. J’avais dû mal à réaliser que c’était mon fils qui avait fait ça. Mais on m’a dit : ‘Si, si, c’est bien lui.’" Tous deux ont tenu à présenter, via cet entretien, leurs condoléances aux victimes et à leurs familles. Et assurent qu’ils n’ont jamais partagé les idées de leur enfant défunt. 


Hamza HIZZIR

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