SRI LANKA - Après la série d'attaques survenues dimanche 21 avril à Colombo qui ont fait plus de 300 morts selon un bilan encore provisoire, la responsabilité des autorités srilankaises est mis en cause. Une alerte aurait été donnée il y a 10 jours par le chef de la police nationale.
"Nous avions été informés de ces incidents, quatorze jours avant." C'est ce qu'a déclaré le porte-parole du gouvernement srilankais Rajitha Senaratne , lors d'une conférence de presse donnée ce lundi à Colombo. Au lendemain des huit attaques terroristes commises contre la communauté chrétienne du pays, la responsabilité du gouvernement est mise en cause.
Le porte-parole a désigné le groupe radical islamiste National Thowheeth Jama'ath à l'origine des attentats qui ont causé la mort de plus de 300 personnes et a mentionné une note de service qui aurait circulé en amont au sein des autorités : "Le 9 avril, le chef des services de renseignements nationaux a écrit une lettre dans laquelle étaient inscrits de nombreux noms des membres de l'organisation terroriste". En effet, comme l'affirme le New York Times, le chef de la police nationale Pujuth Jayasundara avait alerté il y a dix jours, sur la base d'informations de renseignements étrangers, sur le fait que le National Thowheeth Jama'ath projetait d'attaquer des églises du pays et l'ambassade d'Inde à Colombo.
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Le Premier ministre pas informé
D'après le Guardian, Rajitha Senaratne a rapidement mis le premier ministre Ranil Wickremesinghe hors de cause, affirmant à la presse que ce dernier n'était "pas informé" de ladite lettre car il n'était pas convié aux réunions du conseil de sécurité nationale. Le président Maithripala Sirisena était quant à lui présent à ces réunions.
Le premier ministre a confirmé les propos du porte-parole en précisant que ni lui, ni les ministres de son gouvernement, n'avaient été tenus au courant de ces informations, comme l'indique le journal The Hindu. "Nous devons rechercher pourquoi les précautions adéquates n'ont pas été prises", a déclaré Ranil Wickremesinghe.
Some intelligence officers were aware of this incidence. Therefore there was a delay in action. What my father heard was also from an intelligence officer. Serious action need to be taken as to why this warning was ignored. I was in Badulla last night pic.twitter.com/ssJyItJF1x — Harin Fernando (@fernandoharin) 21 avril 2019
Mais au sein-même du gouvernement, on s'interroge. Un brin accusateur, le ministre des sports Harin Fernando a tweeté une photo de cette fameuse note interne. "Certains agents du renseignement étaient au courant de ces attentats. Par conséquent, il y a eu un retard dans l'action", écrit-il.
Mais alors, qui parmi les autorités srilankaises avait pris connaissance de cette menace ? Contacté par The Hindu, le brigadier Sumith Atapattu a exempté l'armée de toute responsabilité : "Nous ne sommes au courant que de ce qui s'est passé aujourd'hui". L'armée était d'ailleurs présente ce lundi matin à une réunion du conseil de sécurité nationale, aux côtés du président et du premier ministre, afin de faire la lumière sur les événements de ce dimanche 21 avril. Et sur la question d'une éventuelle défaillance des services de sécurité srilankais.