La Norvège autorise l'extradition d'un des suspects de l'attentat rue des Rosiers, commis en 1982

Publié le 25 septembre 2020 à 17h06
La Norvège autorise l'extradition d'un des suspects de l'attentat rue des Rosiers, commis en 1982
Source : Simon HENRY

AFFAIRE - La Norvège a donné ce vendredi son feu vert à l'extradition d'un suspect de l'attentat mortel de la rue des Rosiers, en plein quartier juif de Paris en 1982. Les suites judiciaires de cette affaire avaient été relancées le 9 septembre avec l'arrestation d'un des suspects.

Presque 40 ans plus tard, l'attentat de la rue des Rosiers revient dans l'actualité. La justice norvégienne a annoncé ce vendredi autoriser l'extradition d'un homme soupçonné d'être l'un des auteurs de cet attentat qui avait fait six morts et 22 blessés en 1982 dans un quartier juif de Paris. Elle a jugé réunies les conditions légales d'une extradition vers la France.

La décision est cependant susceptible d'appel, la décision du tribunal d'Oslo ne portant que sur la légalité d'une telle extradition. Celle d'extrader ou non le suspect revient en dernier ressort au ministère norvégien de la Justice, voire au gouvernement réuni dans son intégralité devant le roi.

Etabli en Norvège depuis 1991

Le 9 septembre dernier, la police norvégienne avait arrêté Walid Abdulrahman Abou Zayed, vait alsoupçonné d'être l'un des auteurs de cet attentat qui avait fait six morts et 22 blessés en 1982 dans un quartier juif de Paris. Sans fournir l'identité du suspect, la police antiterroriste norvégienne (PST) avait alors seulement indiqué avoir procédé à une arrestation en lien avec cette affaire, à Skien, dans le sud de la Norvège. L'interpellation s'est faite "sur un mandat d'arrêt européen émis par les autorités françaises", a déclaré Annett Aamodt, porte-parole de PST, à l'AFP.

La France demandait depuis plusieurs années l'extradition d'Abou Zayed, établi en Norvège depuis 1991. La justice française le soupçonne d'avoir été "l'un des tireurs de l'attentat". Lui assure qu'il se trouvait à Monte-Carlo au moment de l'attentat. L'homme, aujourd'hui âgé d'une soixantaine d'années, a toujours nié toute implication dans l'attaque attribuée au groupe palestinien Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d'"Abou Nidal", derrière l'attaque. Désormais naturalisé norvégien, affirme qu'"il y a erreur sur la personne". Déjà en 2015, en réaction à un mandat d'arrêt international délivré par la France auquel la Norvège n'avait alors pas donné suite, son épouse déclarait à la presse : "Mon mari n'a jamais tué personne. Il n'a jamais été en France".

C'est très important au niveau du symbole, surtout au vu de l'actualité judiciaire française avec le procès des attentats de janvier 2015, qu'une personne mise en cause soit mise en face de ses responsabilités.
David Père, avocat de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT)

Avant que la décision du tribunal d'Oslo ne soit connue, les familles des victimes, qui espèrent un procès depuis près de quatre décennies, plaçaient déjà beaucoup d'espoirs dans une éventuelle extradition. "C'est très important au niveau du symbole, surtout au vu de l'actualité judiciaire française avec le procès des attentats de janvier 2015, qu'une personne mise en cause soit mise en face de ses responsabilités", a déclaré à l'AFP David Père, avocat de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT). "Nous sommes très impatients d'avoir les explications de ce monsieur et très curieux de ce qu'il aura à nous dire, en espérant que cette extradition peut débloquer les situations en Jordanie et à Ramallah", a pour sa part indiqué Romain Boulet, avocat de proches de victimes.

Trois autres suspects sous mandat d'arrêt en Jordanie et en Cisjordanie

La justice française a en effet émis quatre mandats d'arrêt internationaux visant Abou Zayed, deux individus localisés en Jordanie et un autre en Cisjordanie, tous soupçonnés d'avoir été impliqués dans la préparation ou la perpétration de l'attaque. La Jordanie a refusé à plusieurs reprises d'extrader les deux suspects présents sur son territoire, dont le cerveau présumé de l'attentat. L'affaire est d'autant plus sensible qu'un éventuel accord secret passé à l'époque entre les renseignements français et le groupe Abou Nidal est régulièrement évoqué : les premiers se seraient engagés à une libération de prisonniers en contrepartie de l’engagement du groupe à ne pas perpétrer d'opération sur le sol français.


La rédaction de TF1info

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