Assassinat de Samuel Paty : ces adolescents embarqués dans l'engrenage infernal de l'attentat

Publié le 22 octobre 2020 à 13h43, mis à jour le 23 octobre 2020 à 16h10

Source : Sujet TF1 Info

DÉCRYPTAGE - Pour les enquêteurs, le doute n'est plus permis. Plusieurs collégiens se retrouvent impliqués, au moins malgré eux, dans le terrible enchaînement d'événements qui a conduit à l'assassinat de Samuel Paty. Retour sur le rôle de trois adolescents dans le déroulé de ce drame.

Un mensonge doublé d'une "fausse déclaration". Une implication "probante" dans l'identification de la future victime. Après le sinistre attentat du professeur d'histoire-géographie, trois collégiens se retrouvent dans la tourmente. Leurs actions ont eu un impact aussi décisif que funeste dans le déroulé de l'action du terroriste. Résumé des faits.

La "fausse déclaration" d'une collégienne

Avant l'assassinat de Samuel Paty, un parent d'élève dénonçait avec véhémence un des cours du professeur dans lequel il avait utilisé des caricatures de Mahomet. Seulement, cette diatribe lancée sur les réseaux sociaux, désignant "nommément comme une cible" l'enseignant, reposait "sur des faits matériellement inexacts", selon les explications livrées mercredi par Jean-François Ricard, le procureur du parquet anti-terroriste en charge de l'affaire. 

L'individu prétendait que sa fille avait vu des caricatures "obscènes" du prophète en classe et qu’elle avait été exclue du collège après s’en être plainte. Une version largement démentie par Samuel Paty quelques jours avant son décès. Selon l'enseignant, le cours incriminé s'était déroulé le 6 octobre et non le 5. Une date à laquelle sa jeune fille n’était pas présente. "Elle a inventé un récit au travers de rumeurs d’élèves. Il s’agit d’une fausse déclaration dans le but de nuire à l’image du professeur que je représente, du collège et de l’institution", martelait Samuel Paty lors de son audition par la police. Une version confirmée par le parquet pour qui le parent d'élèves avait procédé à des "manœuvres et à une réinterprétation des faits". Par ailleurs, le procureur ajoute que l'exclusion temporaire de la jeune fille découlait "d'une décision prise par la direction de l'établissement pour des faits totalement distincts"

Ce mensonge répété par la jeune fille, permettant certainement de justifier son renvoi auprès de ses parents selon les enquêteurs, a été lourd de conséquences ; il constitue le point de départ d'événements qui vont finalement causer le décès du professeur d'histoire géographie. 

Deux collégiens payés pour identifier Samuel Paty

Parmi les sept personnes déférées à la justice dans le cadre de l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine, deux sont des élèves du collège du Bois d'Aulne âgés de 14 et 15 ans. Ils sont poursuivis pour "complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste". "Poursuivre deux jeunes dans un dossier terroriste, qui plus est criminel, n'est pas une chose inédite mais interroge", affirme Jean-François Ricard. Le procureur du parquet antiterroriste souligne toutefois que l'identification de Samuel Paty par Abdoullakh Anzorov "n'a été rendue possible que grâce à l'intervention de collégiens". Leur "implication dans l’identification de la victime au profit du tueur est apparue comme probante", martèle t-il. 

Il est reproché aux deux adolescents  de s'être "maintenus, en présence directe et prolongée d’Abdoullakh Anzorov, l’après-midi du 16 octobre" en échange d'une rémunération d'environ 300 euros, alors même que ce dernier leur avait dit vouloir "filmer le professeur, l’obliger à demander pardon pour la caricature du prophète, l’humilier et de le frapper". Après avoir livré une "description physique" de Samuel Paty à l'assaillant, les deux jeunes hommes ont désigné le professeur "au moment où il sortait du collège".  

Conflans-Sainte-Honorine : les pistes du gouvernement pour lutter contre le séparatismeSource : JT 13h Semaine

Les billets l'ont aveuglé
Jacky Attias, avocat d'un des mineurs

Au micro de LCI, Me Charles-Emmanuel Herbière, avocat de l'un des deux collégiens avance que la vue des billets l'a fait "vrillé". Même son de cloche du côté de Jacky Attias, avocat du second adolescent dans le viseur de la justice : "A ce moment, il ne voyait plus rien. Les billets l’ont aveuglé". Selon leurs représentants, les deux jeunes de 14 et 15 ans n'avaient pas connaissance des "atrocités qui allaient se passer". Ne leur reste désormais que les regrets. "Si je pouvais me faire pardonner, je voudrais me faire pardonner, mais je suis impardonnable", se désole l'un. L'autre se dit "bouleversé, apeuré et choqué"


Maxence GEVIN

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