"Gilets jaunes" : les ultras n'ont pas pris la main sur le mouvement, selon le patron de la DGSI

Publié le 19 février 2019 à 8h52
"Gilets jaunes" : les ultras n'ont pas pris la main sur le mouvement, selon le patron de la DGSI
Source : googlestreetview

BILAN - Arrivé il y a quatre mois à la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure, Nicolas Lerner se confie pour la première fois au Parisien sur les menaces qui guettent la France et la violence grandissante observée ces dernières semaines à l'intérieur du mouvement des Gilets jaunes.

Il travaille dans l’ombre, comme le service dont il a pris la direction. Arrivé fin octobre 2018 à la tête de la DGSI, Nicolas Lerner s’est confié au Parisien sur plusieurs sujets inhérents au quotidien des Français. A commencer par la menace terroriste. D’un côté, elle se "maintient à un niveau très élevé", mais il rappelle que la Direction générale de la sécurité intérieure ne cesse de recruter pour faire face à la menace. "Nous avons effectué plus de 1 300 recrutements depuis 2014 et autant sont prévus d’ici à 2022 pour multiplier les capteurs au plus près du terrain."

Une menace d’actualité alors que le dernier bastion de Daech est en train de tomber en Syrie, posant la question du retour de dizaines de Français partis se radicaliser dans le pays. "Le gouvernement a toujours considéré que ces combattants devaient prioritairement être jugés là où ils avaient commis leurs exactions", explique Nicolas Lerner au Parisien. Sans pour autant assurer qu’ils feront leur retour très prochainement en France. "Le scénario du retour sur le territoire national n’est cependant aujourd’hui qu’une hypothèse de travail. Si cette hypothèse devait survenir, 100 % des hommes et des femmes feraient l’objet de poursuites pénales, la quasi- totalité pour des faits criminels."

Ultradroite, utragauche et ingérence

Dans cet entretien, le directeur de la DGSI balaie tous le sujets, même les plus chauds, à commencer par la multiplication de actes d’antisémitisme observés lors des derniers manifestations des Gilets jaunes. "Ce sont des groupuscules de l’ultragauche ou de l’ultradroite qui, profitant de l’opportunité offerte par le mouvement, se livrent à des actes inqualifiables à l’encontre des symboles de la République, des élus ou des forces de l’ordre", regrette l’homme de 40 ans.

Analysant la composante de l'ultradroite, M. Lerner a remarqué qu'elle était formé de quatre tendances principales. Il a énuméré une "obédience néo-nazie, antisémite et identitaire", des "groupes néo-populaires ou survivalistes, apparus après la vague d'attentats en France, nourris par le discours complotiste", des "groupes identitaires qui cherchent à se parer d'une apparence de légalité pour investir les champs politiques ou sociétaux - immigration, politique de l'emploi, préférence nationale - comme le Bastion social ou Génération identitaire", et enfin de "petits groupes de type brigadiste et violent qui peuvent se constituer autour d'une personnalité charismatique", a-t-il détaillé.

S'agissant de l'ultragauche, le patron du renseignement intérieur a affirmé que "sa capacité à faire dégénérer des manifestations, mais aussi à conduire des actions de nature plus clandestines n'est plus à démontrer". "Nous suivons près de 2.000 profils de ce type", a-t-il révélé.

Nicolas Lerner reconnait par ailleurs que l’ultragauche et l’ultradroite n’ont pas réussi "à prendre le leadership sur le mouvement", cependant pour lui, "ils ont généré une forme de violence totalement débridée et décomplexée".

Enfin, le patron de la DGSI rappelle que la Sécurité Intérieure met en œuvre tout ce qu‘elle a pour fixer des lignes rouges contre l’espionnage politique et économique. "Le territoire national n’est pas un endroit où les ingérences étrangères peuvent fleurir sans s’exposer à une réaction", dit-il. En prévenant. "Certains, en France ou depuis l’étranger, ont indéniablement intérêt à tenter de mettre en difficulté le gouvernement et le chef de l’Etat à l’occasion du mouvement (…) De telles ingérences ne sont pas acceptables."


La rédaction de TF1info

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