Tour de France : la der de Thomas Voeckler

par Antoine RONDEL
Publié le 24 juillet 2017 à 0h12
Tour de France : la der de Thomas Voeckler

AU REVOIR - Le champion vendéen, 38 ans, a fait ses adieux au cyclisme professionnel au même moment où il terminait son quinzième Tour. L'occasion de revenir sur une carrière riche en coups d'éclat, qui l'aura vu faire vibrer, avec d'autres, un cyclisme français loin de ce qu'il est devenu aujourd'hui.

On ne le verra plus, la langue pendante, le visage grimaçant, pantelant sur sa machine, lancé dans un long raid pour aller claquer une étape de montagne au beau milieu du mois de juillet. Thomas Voeckler, 38 ans et 15 Tours de France dans les pattes, a tiré sa révérence, dimanche 23 juillet, à l'issue de la 107e édition de la Grande Boucle, qui a vu Chris Froome s'imposer pour la quatrième fois sur les Champs-Elysées.

2004 et 2011, la "Voecklermania"

Longtemps hésitant à savoir s'il ferait tomber le rideau en octobre prochain au Tour de Vendée, près de Mouilleron-le-Captif, sur ses routes d'entraînement, c'est finalement sur "la plus belle avenue du monde" que le vétéran a remisé son vélo. "J'ai eu ma part", disait-il de la Petite Reine, peu de temps avant le départ du Tour. Le signe d'un lien fort entre l'Alsacien et la course la plus célèbre du monde, où il aura glané une popularité qui ne se tisse que sur ces routes.

Comment oublier, en effet, la "Voecklermania", cette fièvre qui embrase les suiveurs plus ou moins réguliers du vélo, qui a débuté un certain 5 juillet 2004. Ce jour-là, Voeckler fait partie d'une échappée fleuve qui mettra 12 minutes au peloton. Voilà le petit Français qui enfile le maillot jaune devant l'ogre Lance Armstrong. Qu'importe si ce dernier a volontairement laissé filer, jugeant "avoir pris le maillot trop tôt", l'histoire d'amour avec le public est lancée. Voeckler gardera le maillot une dizaine de jours, notamment au sommet du plateau de Beilles, lui permettant de conserver la tunique pour une poignée de secondes. 

Le cyclisme français des années 2000

L'épisode se renouvellera sept ans plus tard, en 2011, avec un déroulement comparable. Cette fois, c'est au prix d'une chute dans le peloton que Voeckler, encore échappé, s'empare de la tunique jaune. Cadel Evans, le futur vainqueur, les frères Schleck auront alors besoin de six étapes de montagne pour faire décrocher le Français, qui échouera à moins d'une minute du podium. Il confiera "n'avoir jamais pensé à la victoire sur le Tour", tout en admettant : "Ma place était sur la deuxième marche du podium. Je l’ai perdue sur des erreurs stratégiques." Au total, 20 jours en jaune, mais aussi quatre victoire d'étapes et, en 2012, le si cocardier maillot à pois, celui de Richard Virenque et, désormais, de Warren Barguil.

Mais s'il admet volontiers que son "histoire est liée au Tour de France", ce puncheur marchant à peu près bien sur tous les terrains a su laisser sa trace sur d'autres circuits. Deux fois champion de France, il a également remporté des courses World Tour à Plouay ainsi qu'à Québec, et laissé sa trace dans des monuments du cyclisme comme l'Amster Gold Race (5e) et Liège-Bastogne-Liège (4e). Homme d'une seule équipe, celle de Jean-René Bernaudeau, qui s'appellera tour à tour Bonjour, Bouygues Telecom ou Direct Energie, il aura été de cette génération de coureurs français des années 2000 dont on ne se sera jamais demandé s'ils allaient gagner le Tour : Sandy Casar, Sylvain Chavanel... Autant de talents qui devaient supporter l'attente d'un successeur à Bernard Hinault, dernier tricolore vainqueur du Tour, sans pouvoir contester la domination d'un certain Lance Armstrong. Mais qui venaient faire vibrer les spectateurs sur le bord des routes. Ce que Voeckler ne s'est pas privé de faire cette année, se glissant dans quelques échappées. Sans succès, mais on parie que ce n'était pas ce qui comptait le plus à ses yeux.

Maintenant retraité, Thomas Voeckler ne restera pas sans activité bien longtemps. Il a ainsi prévu un petit passage dans le casting de... "Plus belle la vie", où il jouera son propre rôle. Dans le peloton, la relève est de toute façon assurée.


Antoine RONDEL

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